Le baromètre de l’emploi de ManpowerGroup montre les premiers effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur les intentions de recrutement des employeurs en Belgique et dans le monde. Ainsi, la Prévision Nette d’Emploi affiche son niveau le plus faible et est pour la première fois négative depuis le lancement de l’enquête en Belgique en 2003. 72% des employeurs en Belgique s’attendent à ce que leurs recrutements reprennent un rythme équivalent à celui précédant COVID-19 endéans les 12 prochains mois.
Le monde traverse une crise sans précédent. Selon le Baromètre de l’emploi de ManpowerGroup publié ce jour, 71% des 461 employeurs interrogés fin avril en Belgique ont vu leur activité mise partiellement ou totalement à l’arrêt en raison de la pandémie du Covid-19. L’enquête révèle que l’activité a été réduite de moitié dans 40% d’entre elles, tandis qu’elle a pu se poursuivre quasiment normalement dans une entreprise sur quatre.
Comme chaque trimestre, ManpowerGroup a mesuré également les intentions de recrutement des entreprises pour les trois prochains mois. En Belgique, 11% des employeurs sondés prévoient de renforcer leurs effectifs d’ici la fin du mois de septembre 2020, alors que 16% d’entre eux prévoient de les réduire. 62% des employeurs interrogés n’anticipent aucun changement et 11% se montrent indécis. Après correction des variations saisonnières, la Prévision Nette d’Emploi (*) – ou le différentiel entre le pourcentage d’employeurs prévoyant des embauches et le pourcentage de ceux prévoyant des licenciements – atteint la valeur négative de -5%.
C’est une forte baisse de 18 points par rapport au trimestre précédent et de 12 points par rapport au 3e trimestre 2019. Il s’agit de la prévision la plus faible et pour la première fois négative jamais enregistrée depuis le lancement du Baromètre de l’emploi de ManpowerGroup en Belgique en 2003. Les intentions atteignent également à leur niveau le plus faible depuis 17 ans en Flandre (-7%) et à Bruxelles (-1%), alors que la Prévision Nette d’Emploi reste légèrement positive en Wallonie (+3%). Dans les trois régions – et plus particulièrement en Flandre (avec une baisse de 22 et 19 points) – les prévisions sont en recul en comparaison trimestrielle et annuelle.
« Comme on pouvait s’y attendre à la suite de la crise du Covid-19, la Prévision Nette d’Emploi est négative, indiquant la perspective d’une première contraction de l’emploi en Belgique d’ici la fin du mois de septembre » explique Philippe Lacroix, Managing Director de ManpowerGroup BeLux. « A court terme, on aurait pu craindre des prévisions encore plus négatives et les résultats internationaux de notre enquête montrent que les employeurs belges se montrent moins pessimistes que la plupart de leurs homologues européens, où l’on observe des prévisions plus faibles qu’en Belgique dans 16 des 22 pays sondés en Europe. Le marché offre peu de visibilité dans ce contexte de grande incertitude. L’impact de cette crise sanitaire sur l’emploi dépendra de la vitesse de la reprise de l’activité économique dans les différents secteurs et du maintien ou de la mise en œuvre de nouvelles mesures pour soutenir les entreprises. Dans cette phase de retour au travail, la santé et la sécurité doivent rester la priorité absolue, en prolongeant le télétravail ou en prenant les actions nécessaires sur les lieux de travail. »
Prévisions en recul dans tous les secteurs sondés
Seuls les employeurs du secteur de la Construction (+5%), de l’Industrie manufacturière (+3%) et du Transport et de la Logistique (+1%) rapportent des Prévisions Nettes d’Emploi légèrement positives. Les employeurs du secteur Autre Production(**) prévoient de maintenir leurs effectifs au même niveau (0%) au cours du prochain trimestre. En revanche, les employeurs de cinq secteurs anticipent des supprimer des emplois et rapportent leur Prévision Nette d’Emploi la plus faible jamais enregistrée depuis le lancement de l’enquête en Belgique voici 17 ans : Finance, assurance, immobilier et services aux entreprises (-7%), Commerce
de gros et détail (-10%), Services publics, de la santé, de l’éducation et des services collectifs (-11%), Horeca (-14%).
Les perspectives d’emploi sont en recul dans tous les secteurs, tant par rapport au trimestre précédent que par rapport au 3e trimestre 2019. ‘La situation est particulièrement préoccupante dans le secteur de l’Horeca, – l’un des secteurs les plus sérieusement affectés lors du confinement – où plus d’un employeur sondé sur cinq (22%) anticipe d’effectuer des suppressions d’emploi d’ici la fin du mois de septembre’ souligne Philippe Lacroix. Selon l’enquête de ManpowerGroup, des pertes d’emploi sont attendues dans les entreprises de toute taille, les employeurs des petites entreprises (10-49 travailleurs) se montrant les plus pessimistes (-11%).
Retour à la normale endéans les 12 mois ?
Selon l’enquête de ManpowerGroup, plus de 7 employeurs belges sur 10 s’attendent à ce que leurs recrutements reprennent un rythme équivalent à celui précédant COVID-19 au cours des 12 prochains mois. Cette reprise sur le marché du recrutement devrait se faire graduellement : dans les trois mois selon 34% des employeurs sondés, entre 4 et 9 mois pour 23% d’entre eux, entre 10 et 12 mois pour 15%. Près d’un employeur sur 10 estime que cela prendre plus d’un an. Cette confiance dans l’avenir est présente dans les trois régions : pour 69% des employeurs en Flandre, 75% à Bruxelles et 76% en Wallonie.
Cet optimisme relatif n’est pas partagé par les 12.500 employeurs interrogés dans 26 pays de la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique).
En effet, seulement un peu plus d’un employeur sur deux (55%) sondés au niveau européen estime que la situation au niveau du rythme des embauches se rétablira dans le courant de l’année. Cette plus grande prudence quant à la reprise sur le marché du recrutement est observée notamment en Pologne (où 25% des employeurs estiment que la situation se rétablira dans le courant de l’année), en Espagne (38%), en Suède (41%), en Allemagne (48%), aux Pays-Bas (53%), en Suisse (56%), au Royaume-Uni (57%), en France (60%) ou en Italie (63%). « L’enquête a montré qu’un nombre important d’employeurs restaient indécis en Belgique (16%), ce qui pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Ce qui est certain, ce que tous les acteurs sur le marché de l’emploi doivent unir leurs forces pour recréer des conditions qui permettront une reprise, en toute sécurité. » explique encore Philippe Lacroix
Pour les trois prochains mois, les perspectives d’emploi sont négatives dans 24 pays des 26 pays sondés dans la région, les employeurs croates (+2%) et allemands (+1%) étant les seuls à rapporter des intentions de recrutement légèrement positives. Dans la plupart des pays, la Prévision Nette d’Emploi atteint son niveau le plus faible depuis le lancement de l’enquête : c’est le cas au Royaume-Uni (-12%), en France (-11%) ou aux Pays-Bas (-4%), tandis que les employeurs italiens (-5%) et espagnols (-12%) rapportent les intentions de recrutement les plus faibles depuis six ans et sept ans, respectivement.
Ailleurs dans le monde, les perspectives d’emploi sont positives au Japon (+11%), en Inde (+5%), en Chine (+3%, la prévision la plus faible depuis quatre ans) et aux Etats-Unis (+3%, la prévision la plus faible depuis le 1er trimestre 2010), tandis qu’elles sont négatives au Brésil (-15%) et à Singapour (-28%, la Prévision Nette d’Emploi la plus faible de tous les pays et territoires sondés).
Source: ManpowerGroup