Le pourcentage le plus élevé d’heures ouvrables non prestées concerne les collaborateurs en maladie depuis plus d’un an et n’a cessé de croître ces quatre dernières années. Les constatations d’Acerta après une analyse des données de travailleurs occupés par plus de 40.000 employeurs ces quatre dernières années s’inscrivent dans la logique de ce que nous avons déjà partagé. Comment réagir face à cette ‘perte’ de talents qui semblent perdus alors que les entreprises se disent en quête de compétences et de savoir-faire?
« Pour 2017, nous avons atteint un taux d’absentéisme pour maladie de plus d’un an de 2,76%, soit une augmentation de 19,1% en quatre ans. Dans la catégorie des ouvriers de 60-64 ans, un quart (25,18%) des heures n’ont pas été prestées pour cause de maladie de plus d’un an pendant cette même année. » explique Peter Tuybens, Director Acerta Consult. « La réglementation en matière de réinsertion en vigueur depuis le 1er décembre 2016 permettra, nous l’espérons, de réduire progressivement le nombre de cas de maladie de longue durée. Elle peut renverser la vapeur. Mais allons-nous abandonner les actuels malades de longue durée alors que nous faisons face à une pénurie sur le marché de l’emploi ? Ils ont encore du talent. Pour la société, il importe de pouvoir réactiver une partie considérable de ces malades de longue durée sur le marché de l’emploi. Depuis des années, 7,33% des heures de travail de toutes les ouvrières et 3,46% des heures de travail des ouvriers sont convertis en maladie de longue durée. Pour les employés, le taux de maladie de longue durée s’élève à 0,91%, tandis que les employées enregistrent un taux d’absentéisme pour maladie de longue durée de 2,06%. Ces groupes de travailleurs comprennent des personnes qui saisiraient une nouvelle opportunité réalisable si elles y étaient encouragées. »
Les grandes entreprises plus concernées.
Sur base de cette analyse, il semble que l’absentéisme pour cause de maladie dans les entreprises belges dépend fortement de la taille de l’entreprise. C’est en effet dans les plus petites entreprises (avec moins de 5 travailleurs actifs) que le travailleur est le moins souvent absent. Toutes les absences liées à une maladie ou un accident y représentent 4,49% du nombre de journées de travail. Plus la taille de l’entreprise est grande, plus l’absentéisme pour cause de maladie augmente : dans les entreprises comptant plus de 500 travailleurs actifs, le pourcentage d’absentéisme s’élève à 8,58%, soit près du double de celui des plus petites entreprises.
L’absentéisme pour maladie de courte durée, c’est-à-dire de moins d’un mois, a augmenté de 5,11% ces quatre dernières années : de 2,17% de l’ensemble des heures ouvrables à 2,28% en 2017, d’après les calculs d’Acerta. Ces chiffres traduits en jours de travail, cela signifie que chaque travailleur à temps plein est absent pour maladie de courte durée près de six jours par an en moyenne.
Les ouvrières affichent le taux d’absentéisme pour maladie de courte durée le plus élevé : 3,51% des heures non prestées. Simultanément, la catégorie des ouvrières connaît l’augmentation la plus lente. Les employés masculins détiennent les chiffres les plus bas en matière d’absentéisme de courte durée : ils sont absents pour maladie 1,55% du temps. Cependant, cette catégorie enregistre la hausse la plus soutenue concernant l’absentéisme pour maladie de courte durée, à savoir une augmentation de 8,38%.
Cette constatation est surprenante si l’on examine l’absentéisme pour maladie en fonction de l’âge du travailleur. L’absentéisme pour maladie de courte durée atteint un record chez les travailleurs entre 30 et 35 ans. Leur pourcentage d’heures de maladie est même 11,8 % plus élevé que celui des travailleurs de plus de 55 ans qui, avec 2,15 %, obtiennent de meilleurs résultats que chaque groupe d’âge inférieur.
De quoi désespérer? Pas totalement. « Depuis que les autorités ont officialisé le trajet de réinsertion fin 2016, l’impact de l’absentéisme pour maladie fait l’objet d’une attention accrue de manière générale. Et pas uniquement pour la réinsertion visée, mais aussi pour la prévention. Les entreprises commencent à avoir recours à une politique en matière de présence. Elles le font aussi car elles y sont obligées, c’est vrai. Cette pression ne provient pas seulement des autorités : la pénurie sur le marché de l’emploi interdit également aux employeurs de négliger le talent. L’employeur veut faire des efforts pour un collaborateur offrant une valeur ajoutée, afin de le garder (au travail). »
Note méthodologique – Les données recueillies sont basées sur les données réelles de travailleurs en service auprès de plus de 40 000 employeurs issus du secteur privé, auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises.