Depuis 2009, le niveau de satisfaction et d’engagement des employés belges ne cesse de diminuer. C’est le premier enseignement délivré par l’enquête engagement menée par SD Worx depuis 2009 auprès de 2500 travailleurs en Belgique. Pourquoi donc? En cause notamment, les restrictions observées sur le plan de l’autonomie, la fameuse charge psychosociale et la difficulté d’organiser la mobilité des talents.
Préalable : distinguer les notions d’engagement et de satisfaction. Comme le précise l’analyse de cette enquête: « L’engagement (ou motivation au travail) est lié à l’implication envers l’organisation et au niveau de performances des employés, tandis que la satisfaction désigne l’acceptation d’une situation telle qu’elle est. Les chiffres montrent que, dans une organisation moyenne, 7 % des employés sont très insatisfaits tout en étant moyennement engagés, alors que 10 % d’entre eux sont très satisfaits mais ne sont que moyennement engagés. La satisfaction et l’engagement connaissent des vitesses différentes. La satisfaction opère à court terme, l’engagement à long terme. L’engagement doit se développer au cours des années, tandis que la satisfaction est plus volatile. »
Les principales sources de satisfaction enregistrées auprès des travailleurs connaissent un certain tassement. « Bien qu’elles figurent toujours en tête de la liste des aspects dont les employés sont satisfaits, la sécurité d’emploi, les conditions de travail et la fonction sont les aspects qui ont enregistré le plus net recul. Cette tendance à la baisse peut s’avérer problématique à plus long terme. En effet, de plus en plus d’employés sont préoccupés par la survie de leur organisation et se montrent moins satisfaits du régime de travail, des horaires de travail et des possibilités d’adaptation ou de l’autonomie dans leur fonction. La charge mentale et physique au travail leur pose également davantage de problèmes, et ils sont moins fiers de leur travail, qui est de moins en moins varié. »
Attention, voici le retour du contrôle !
L’étude relève également : « Dans cette conjoncture économique difficile, les organisations renforcent le contrôle et la pression sur leurs collaborateurs. Et en dépit de la popularité apparemment croissante du travail flexible, de plus en plus d’employées sont moins satisfaits du régime de travail et des horaires de travail. Ils déplorent également le fait que les possibilités d’adaptation sont plus limitées. Cette tendance à la baisse s’observe surtout au niveau d’employés à temps plein, pas chez eux à temps partiel. »
Refrain connu : le stress, toujours le stress.
Parmi les autres observations significatives – et ceci fait écho à la publication de notre dossier thématique Peoplesphere n°197 consacré à la gestion positive du stress ! -, la charge mentale et physique ressentie par les employés a elle aussi fortement évolué depuis 2009, et ce essentiellement au niveau des employés de plus de 45 ans: « 32 % considèrent la charge mentale comme un aspect négatif, et 24 % d’entre eux se plaignent de la charge physique liée à leur fonction. Il ressort en outre que les exigences de travail plus élevées et les possibilités d’adaptation plus limitées ont une influence négative sur le niveau d’énergie et sur l’engagement et qu’elles augmentent l’absentéisme et le stress. »
Les aspects liés à la fonction connaissent eux aussi une tendance à la baisse. Cette situation est plus que préoccupante, étant donné que la fonction est l’aspect qui influe le plus sur l’engagement, la passion, le niveau d’énergie, la loyauté et les performances des employés. De plus en plus de travailleurs trouvent moins de sens à leur fonction, sont moins satisfaits de l’autonomie et des responsabilités qui leur sont confiées et déplorent le manque accru de variété dans leur fonction. Cela se traduit notamment par une forte baisse du niveau de passion et d’énergie. En 2009, 85 % des travailleurs éprouvaient encore du plaisir à faire leur travail ; aujourd’hui, ce chiffre n’est ‘plus’ que de 81 %. En 2009, 85 % des collaborateurs avaient suffisamment d’énergie pour fournir des efforts supplémentaires ; ils ne sont plus que 79 % aujourd’hui.
Manque d’opportunités
Au niveau des aspects liés au travail, ce sont encore les opportunités d’évolution qui enregistrent le score le plus bas. C’est l’aspect dont les employés belges ont été le moins satisfaits ces dernières années.
Cette insatisfaction s’explique essentiellement par l’impossibilité de suivre des formations internes et externes et par le manque d’opportunités d’évolution et de promotion. « Alors qu’en 2009, 35 % des employés déploraient le manque de formations, ce chiffre est passé à 39 % en 2015. En 2009, 53 % des collaborateurs se plaignaient du manque d’opportunités d’évolution ; ce chiffre est désormais de 57 %. » L’évolution des données doit nous amener à nous interroger dans la mesure où nous connaissons l’impact de cet aspect sur la rétention des effectifs. L’enquête relève en effet que « les chiffres concernant l’intention de quitter l’organisation montrent que de plus en plus de travailleurs cherchent un nouvel emploi. Cette recherche est toutefois essentiellement passive. Tant que l’économie ne se relance pas, bon nombre de collaborateurs semblent hésiter à tenter leur chance ailleurs. Il n’empêche que près d’un quart des travailleurs sont actuellement à la recherche d’un nouvel emploi, que ce soit activement ou passivement. C’est essentiellement le manque d’opportunités d’évolution interne qui pousse les employés à chercher un nouvel emploi afin de développer leur carrière. »