Une enquête* d’IDEWE menée auprès de 2642 travailleurs indique que 13% d’entre eux estiment comme « assez probable » ou « très probable » l’éventualité qu’ils s’absentent dans les 6 prochains mois en raison de problèmes de santé mentale liés au travail comme le stress, le burn-out, les conflits ou le harcèlement moral. Ce chiffre est particulièrement proche des 15% de travailleurs qui prévoient de s’absenter en raison de problèmes physiques comme les douleurs au dos et à la nuque ou les infections.
Cette étude démontre que la santé mentale a une influence tout aussi importante sur l’absentéisme au travail que la santé physique.
Si l’on se concentre sur comment les travailleurs se sentent au travail, on observe que 18% des répondants font face à un niveau d’épuisement important et à des sentiments de distanciation au travail, 28% sont sujets à un niveau de stress au travail élevé et 34% subissent une lourde pression au travail.
Nous constatons que les risques psychosociaux tels que le stress, le burn-out et les conflits conduisent toujours plus souvent à des absences de longue durée. La recherche indique que lorsque les gens pressentent qu’ils vont s’absenter, cela ce concrétise malheureusement », explique Lode Godderis, CEO d’IDEWE et professeur en médecine du travail à la KU Leuven. « Ces 13% de la population active qui s’attendent à une absence sont un signal d’alarme. Nous devons urgemment tous nous concentrer sur la question, apprendre à capter les signaux d’alarme chez les travailleurs et les collègues et ouvrir le dialogue sur le sujet au travail, afin de prévenir ensemble l’absentéisme projeté. »
Le Belge est relativement enthousiaste sur le type de travail, la communication à la traîne
La majorité des répondants semble enthousiaste quant au type de travail qu’ils effectuent. Ainsi, 68% des travailleurs profitent d’une belle variation au travail et 64% disposent d’une autonomie des tâches importante. De nombreux travailleurs considèrent leur travail comme porteur de sens – 79% se sentent « énergique, enthousiaste et engagé » tandis que 80% des répondants sont « plutôt satisfaits », « satisfaits » ou « très satisfaits ».
Les organisations pourraient néanmoins s’améliorer sur le plan des conditions de travail, des possibilités d’évolution, de la participation et de la communication au sein de l’organisation de travail : seulement 40 % des travailleurs ont des possibilités d’évolution et 35% sont satisfaits des conditions de travail. À peine 46% des personnes interrogées se sentent informées sur les sujets importants au sein de l’organisation et seulement 32% profitent d’un niveau de participation élevé dans l’organisation.
Ces chiffres ne veulent pas forcément dire que la population active en Belgique recherche un autre travail de manière généralisée : 62% conseilleraient leur employeur à d’autres et même 69% des travailleurs ont l’intention de rester à leur travail actuel.
« Un manque de participation et un délai de réaction élevé face aux signaux psychosociaux peuvent augmenter le risque d’absentéisme, » complète Lode Godderis. « Une culture de la communication ouverte et une intervention rapide sont cruciales. Nous devons expliquer plus clairement aux travailleurs les ressources qu’ils peuvent activer en cas de problèmes (mentaux). Ces canaux existent, il serait dommage de ne pas les utiliser. »
Soutien social au travail : connu, mais trop peu utilisé
L’étude a également analysé comment les travailleurs trouvent du soutien au travail, que ce soit entre eux ou chez d’autres personnes. Les chiffres montrent que 72% des travailleurs savent à qui s’adresser en cas de stress, de harcèlement moral ou de conflits. 71% ont le sentiment de pouvoir se tourner vers leurs collègues, 60% s’adresseraient à leurs supérieurs hiérarchiques. Seulement 28% des travailleurs se sentent soutenus par leur service du personnel ou savent qu’ils peuvent aussi s’y adresser pour parler de leurs problèmes. À noter : seulement 26% des personnes interrogées trouvent que leur direction réagit rapidement pour traiter les problèmes d’ordre mental.
Lode Godderis : « Dans la plupart des organisations, nous observons un effet « chute d’eau » : les travailleurs recherchent un soutien auprès de leurs collègues ou des supérieurs hiérarchiques dans un premier temps, et seulement en second lieu auprès d’autres personnes ou d’instances plus formelles. Cela est normal, mais il est toutefois important que l’accès à la personne de confiance soit aussi aisé que possible. En effet, même si les chiffres sont encourageants, seulement 37% des travailleurs indiquent qu’ils feraient effectivement appel à la personne de confiance, et à peine 12% s’adresseraient au conseiller en prévention aspects psychosociaux. »
Parallèlement, les collègues savent qu’ils peuvent se parler : 68% des répondants osent demander de l’aide à leurs collègues et se sentent valorisés par ces derniers. Au niveau de la hiérarchie, 62% des travailleurs trouvent du soutien et de la valorisation auprès de leurs supérieurs.
Source : IDEWE / Données ARPSi (Analyse de risques aspects psychosociaux): Enquête réalisée par IDEWE auprès de 2642 répondants entre 2021 et 2024, représentatifs de la population active en Belgique.
Visuel : Source: Pexels (Andrea Piacquadio)

Catégorie:
Tags: 

