Dans le cadre du dossier n°206 consacré à l’émergence des flexi-carrières et flexi-rôles dans l’organisation, notre équipe a tenté de répondre à plusieurs questions centrales : les freins à la flexibilité sont-ils l’expression d’un problème syndical ou de mentalité? Serons-nous demain tous des travailleurs multicartes? L’émergence des carrières non-linéaires est-elle une question générationnelle ou pas? Sébastien Delfosse, HR Director pour le groupe Manpower nous livre un regard acéré sur le sujet.
Le secteur de l’intérim est régulièrement cité comme un des grands bénéficiaires des récentes évolutions législatives liées au marché du travail. Considéré comme un des meilleurs vecteurs de flexibilité, il n’en est pas moins confronté, lui aussi, à la problématique de carrières de plus en plus difficiles à suivre.
Sébastien Delfosse occupe la fonction de DRH au sein de MapowerGroup après un passage par le business qui lui offre une perspective à 360° sur le marché du travail.
Juriste de formation, il suit avec grande attention les nouvelles normes réglementaires qui vont à nouveau bousculer nos certitudes quant à la gestion et au développement de nos talents. Considère-t-il lui aussi que la réglementation est-elle toujours en retard sur la réalité vécue au sein de nos entreprises ?
« En fait, il faut nuancer en regardant la réalité par secteur d’activités. Dans les domaines où nous retrouvons les profils les plus qualifiés, les entreprises travaillent davantage à la carte en menant des négociations qui répondent aux besoins individuels. Dans ce contexte, la loi est relativement ‘secondaire’ : pourquoi s’évertuer à comptabiliser les heures puisque ça n’impacte pas la rémunération ? Les organisations se régulent naturellement en fonction du rythme de l’activité et des profils de leurs collaborateurs. Clairement, ces entreprises sont ‘en avance’ sur la norme réglementaire en matière de flexibilité. Par contre, si nous considérons les activités de production, c’est bel et bien l’application de la loi en vigueur qui est centrale. Ainsi, la question de l’annualisation du temps de travail est vraiment importante. Dans une société de services, nous sommes en train d’explorer de nouveaux marchés (outsourcing IT et call center), la concertation sociale autour du travail de nuit et de la flexibilité est difficile. Les syndicats dénoncent la CCT comme un moyen de pression et il devient impossible d’évoluer tant que la loi n’est pas adaptée. Dans ces cas-là, les nouvelles dispositions du projet Peeters seront un réel adjuvant même s’il faudra toujours passer par la phase de négociation avec les partenaires sociaux. »
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Eduqués pour fonctionner dans la société de la réussite.
« Ils ne doutent de rien ! » Dotées d’une énorme confiance en leurs moyens, les jeunes générations aborderaient le marché du travail de manière beaucoup plus détendue que leurs aînés ? L’expérience double de Sébastien Delfosse – à la fois en tant que DRH et grâce à son passage au sein du business de l’intérim entre autres – est précieuse. « Je ne pense pas qu’ils soient plus confiants ou sûrs d’eux-mêmes. Par contre, ils voient plus de possibilités que les générations précédentes. Ils sont simplement conscients du champ des possibles et développent en conséquence de plus hautes ambitions. J’entends aussi régulièrement que les jeunes sont mieux informés. Là aussi, c’est une perception que l’on peut démonter : ils ont effectivement accès à plus d’informations mais font preuve d’une faible capacité à les filtrer. »
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Lire plus ? Cet article est paru dans le dossier consacré aux carrières flexibles de l’édition print n°206 de Peoplesphere (FR). Pour lire le dossier dans son intégralité, abonnez-vous au magazine (http://www.peoplesphere.be/fr/abo/) ou commandez votre édition (print ou pdf – 15 euros tvac) via email à l’adresse : info@peoplesphere.be