La flexibilité du temps et du lieu de travail a le vent en poupe, mais le haut de la vague n’est pas encore en vue. Une enquête menée par Securex révèle que le nombre de travailleurs qui ont la possibilité de choisir leur lieu et leurs horaires de travail a augmenté de 35 % ces quatre dernières années. Cependant, seul un travailleur belge sur 4 (23 %) est actuellement en mesure de faire ce choix. La flexibilité est surtout l’apanage des travailleurs qualifiés, des salariés et des jeunes.
En 2013, seuls 17 % des travailleurs avaient le choix du lieu et des horaires de travail, contre 23 % aujourd’hui, soit une augmentation de 35 %. La liberté de choix du lieu et/ou des horaires de travail concerne surtout les travailleurs titulaires d’un diplôme supérieur (53% contre 35% en 2013), les salariés (48% contre 37% en 2013) et les jeunes (35 ans : 56% – 35 à 44 ans : 45% – plus de 45 ans : 36%).
Les entreprises de 10 à 99 travailleurs et de 250 à 499 travailleurs sont moins susceptibles de laisser ce choix à leur personnel, comparativement aux entreprises plus grandes et plus petites.
L’informatique et les services Internet sont les secteurs qui offrent le plus de flexibilité. 67% des travailleurs de ce secteur indiquent avoir le choix des horaires et du lieu de travail. Le secteur des assurances (65%) obtient également des résultats supérieurs à la moyenne.
La mobilité et le stress au coeur de la problématique.
Le problème de mobilité est un important moteur de flexibilité des horaires et/ou du lieu de travail. Les travailleurs plus flexibles considèrent que leurs déplacements domicile-travail sont plus fatigants (47% contre 31%), ce qui les rend probablement plus prompts à opter pour la flexibilité. Les embouteillages devraient s’intensifier dans les mois et les années à venir. D’une part à cause de plusieurs grands chantiers programmés sur les voiries et de la rénovation des tunnels bruxellois et, d’autre part, à la densification du trafic routier.
Les travailleurs qui ont accès à la flexibilité du lieu et/ou des horaires travaillent plus dur (35% contre 24%) que ceux qui n’en bénéficient pas. Ils sont confrontés à une plus grande charge de travail (63% contre 53%), font plus d’heures supplémentaires (50% contre 36%) et sont plus prompts à dire qu’ils ménagent leurs efforts pour leur entreprise (79% contre 63%). Notons qu’ils se sentent plus souvent obligés de travailler (31% contre 24%) et culpabilisent davantage de prendre un jour de congé (27% contre 18%). Ils restent au travail deux fois plus souvent alors que leurs collègues sont déjà rentrés à la maison (30% contre 17%).
Ceux qui jouissent d’une plus grande liberté, prendront instinctivement plus de décisions (80% contre 57%), atteignent plus souvent leurs objectifs (86% contre 78%) et prennent plus d’initiatives (83% contre 69%).
Les travailleurs qui bénéficient de la flexibilité des horaires et/ou du lieu de travail ont plus souvent l’impression d’avoir suffisamment de temps pour mener à bien leurs missions (74% contre 59%) et disent mieux concilier vie professionnelle et privée (80% contre 65%). Ils présentent également un risque d’épuisement professionnel plus faible (15% contre 19%).
Moins d’heures passées au bureau, quel impact ?
Les travailleurs qui peuvent choisir leur lieu et/ou leurs horaires de travail sont personnellement plus attachés aux valeurs de leur entreprise (84% contre 69%) et s’identifient plus à l’approche de l’entreprise (76% contre 55%). Ils s’y sentent plus à l’aise (84% contre 68%) et sont plus satisfaits de la politique de changement (85% contre 63%). La possibilité de travail occasionnel à domicile ou en dehors des heures de bureau traditionnelles ne dilue pas forcément le lien avec les collègues. Au contraire : ceux qui ont le choix sont plus satisfaits de leur équipe et de leurs collègues (89% contre 73%). Ils se sentent encore plus liés à leur entreprise (90% contre 75%).
Cependant, la flexibilité du temps et/ou du lieu de travail ne présente pas que des avantages. Les travailleurs flexibles éprouvent plus de charge de travail émotionnelle (38% contre 27%), plus de charge privée (50% contre 34%) et réagissent plus vivement face aux personnes de leur entourage, comme leurs collègues et leur famille (42% contre 23%).
Il est également crucial de laisser aux travailleurs le choix de travailler ou non à domicile. Le travail à domicile ou les horaires flexibles ne sont pas donnés à tout le monde. Certains travailleurs fonctionnent mieux au sein d’une structure cadrée, parfois absente de cette flexibilité. En outre, la culture d’entreprise doit être en phase avec la flexibilité professionnelle et la soutenir.
Hermina Van Coillie, HR Research Expert : « Le télétravail ou le travail à domicile n’est pas une formule que l’entreprise peut invoquer simplement, lors d’une « journée d’intempéries » exceptionnelle. Pour instaurer plus de flexibilité au travail, il faut que l’employeur fasse confiance à ses employés sans qu’ils soient physiquement présents au travail. Il doit être persuadé qu’ils feront leur travail aussi bien, voire mieux. Il est crucial qu’ils évaluent leurs employés à l’aune du processus et du résultat de leur travail, et pas nécessairement au nombre d’heures prestées. »
Note : cette enquête a été réalisée dans le cadre d’une étude de benchmarking biennale. Pour les variables Sexe, Âge, Région et Statut, l’échantillonnage était conforme à la répartition du marché du travail belge, et ce selon les données de l’Office national de Sécurité sociale et de la Direction générale Statistique et Information économique (DGSIE) du SPF Économie. En janvier et février 2017, nous avons interrogé 1 552 salariés.