Le paradoxe de la mobilité : une problématique irritante, et des solutions via l’intensification des nouvelles formes de travail?

Malgré la mise en disposition de solutions de flexibilité de plus en plus nombreuses, malgré la promotion soutenue en faveur d’une mobilité durable, malgré la mutation en cours vers une économie de plus en plus digitale, nos villes ressemblent chaque jour davantage à des forteresses imprenables. Tel est le paradoxe belgo-belge de la mobilité. Même si celui-ci est sans doute concentré sur quelques grands centres urbains, nous vivons sur un territoire tellement petit que le moindre souci d’une réelle ampleur impacte rapidement une majorité des travailleurs. Bref… C’est quoi le problème ? Et surtout, comment y remédier et améliorer dès lors la qualité de vie et de travail de nos collaborateurs ?

En toute logique, la situation de la mobilité devrait s’améliorer. Mais ce n’est à l’évidence pas le cas. Et pire, les projections pour 2030 en matière de trafic routier annoncent une situation future plus insupportable encore que ce qu’elle n’est aujourd’hui.

En faveur d’une évolution positive, nous avons le développement rapide des outils de travail, des organisations et des mentalités.

Les formules de travail flexibles sont terriblement innovantes. Elles se multiplient à grande vitesse, offrant aujourd’hui aux travailleurs un formidable panel de possibilités quant à leurs conditions de travail : de l’espace de bureau classique au confort de son salon à la maison, en passant par les espaces de coworking qui stimulent les réseaux et la créativité.

Tous les métiers n’y ont pas encore accès. Il reste quelques barrières – essentiellement psychologiques – à lever car la technologie permet de remplir à distance un nombre de fonctions de plus en plus significatif.

Nous avons aussi l’émergence de réelles options praticables en matière de multimodalité, grâce notamment à l’inventivité de plusieurs start-ups qui défrichent le secteur. Malheureusement, ces options ne concernent que 10% des effectifs de nos entreprises en moyenne… Une misère !

Le tableau du passif est toutefois beaucoup plus chargé encore, ce qui explique l’absence de progrès tangibles en matière de mobilité. Les explications sont quasi-sociologiques et nos entreprises doivent évidemment en tenir compte. Qu’y trouvons-nous ?

Moi, moi, moi…

La problématique de la mobilité est très probablement victime de l’égoïsme et du chacun pour soi qui règnent en maîtres dans notre société. Nos routes regorgent d’un nombre de plus en plus important d’utilisateurs uniques. L’éclatement de la cellule familiale est aussi à l’origine de cet état des lieux.

Ensuite, elle est directement tributaire de l’apparition de ‘nouveaux usagers’ qui se multiplient très rapidement : il y a certainement un peu moins de personnes qui se rendent chaque sur leur lieu de travail mais celles-ci sont ‘remplacées’ par les acteurs de la logistique. Aussi élémentaire que cela puisse paraître, il faut bien ‘livrer’ tous ces produits et services qui transitent en priorité par l’e-commerce. Cela sonne comme une évidence…

Par ailleurs, n’oublions pas que ces travailleurs qui sont désormais dispensés de se rendre sur leur lieu de travail ne sont pas pour autant condamnés à rester cloîtrés à la maison. Pour réaliser nos aspirations aux loisirs et à ces activités de bien-être qui deviennent indispensables, il faut bien se déplacer !

Est-il acceptable enfin d’affirmer que notre mobilité collective souffre de la détérioration et de l’attrition des voies de circulation de tout ordre. A l’image du débat qui anime la SNCF aujourd’hui, nos voies de transports sont dans un état pitoyable, faute d’investissements raisonnés de la part des pouvoirs publics. Rien d’étonnant dans tout cela puisque mêmes les entreprises de service public dédiées aux transports sont également confrontées à ce déficit d’investissement et que les difficultés organisationnelles et de concertation sociales qu’elles vont rencontrer ne vont rien arranger, nous sommes prêts à le parier…

Le tableau est noir. Le problème peut sembler insoluble. Evidemment, il ne l’est pas. Reste à voir comment nous pouvons, au niveau de nos entreprises respectives, agir de façon significative sur la question.

Réinvestir dans les territoires

Nous pensons que nos organisations vont devoir se doter d’une politique d’aménagement du territoire afin de ‘transférer’ une partie du trafic dans nos régions, où il est ‘facile’ de se déplacer. Mais pour que cela soit à la fois viable sur le plan économique et acceptable sur le plan local, il faudra partager les espaces de travail. En toute logique, le modèle de coworking, débarrassé des gadgets assimilés à la dynamique des start-ups, devrait devenir la norme. Quoi de plus logique à l’heure d’une activité marquée par l’avènement des plateformes collaboratives ? Attention… Il ne s’agit pas de vider nos principales métropoles de leur attractivité mais bien de répartir la charge de façon plus harmonieuse.

Nous pensons aussi qu’il est urgent que les pouvoirs publics retrouvent une capacité d’initiative qui s’est évaporée depuis quelques années déjà… D’où pourrait bien venir cette nouvelle énergie ? Retrouver une capacité d’investissement – au sens financier – est nécessaire, bien sûr. Mais il est sans doute plus essentiel encore de remotiver quelques leaders et talents endormis et d’en attirer d’autres qui bousculeront une fonction publique qui en a bien besoin. Il y a bien longtemps que nous n’avons plus assisté à l’éclosion d’un dirigeant ‘différent’ au sein des services de l’Etat.

Nous pensons enfin qu’il faut accélérer l’évolution de nos pratiques managériales pour que la gestion durable de nos ressources – à commencer par le temps –  soit vraiment prioritaire. Il est grand temps d’éliminer – sans verser dans le simplisme – ce qui nous pollue le quotidien. Mettre un terme aux réunions inutiles, aux rendez-vous manqués par négligence, aux déplacements non coordonnés… Revoir tous ces manquements qui ne représentent pas grand-chose lorsqu’ils sont pris isolément mais qui, dans les faits, ne témoignent que de notre manque d’attention envers la gestion rationnelle de nos ressources… et de nos collaborateurs. C’est peut-être là le premier acte 100% écologique que nous pourrions poser. Sans véritable effort.

Certaines de nos entreprises ont-elles déjà exploré ces territoires et obtenu des résultats probants bénéficiant à la fois à leur efficacité et à la qualité de vie de leurs travailleurs ? Allons voir tout au long de notre dossier consacré au paradoxe de la mobilité si ces pistes sont praticables…

Jean-Paul ERHARD

Retrouvez prochainement l’ensemble de notre dossier consacré au paradoxe de la mobilité et de l’impact des nouvelles formes de travail dans Peoplesphere n°216. En commande via info@peoplesphere.be

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