Présentéïsme excessif? Les travailleurs belges restent moins souvent au travail lorsqu’ils sont malades.

Le travailleur belge continue à travailler pendant un tiers (34 %) de ses jours de maladie. C’est un recul important par rapport à 2014, quand le travailleur belge poursuivait encore le travail pendant près de la moitié (46 %) de ses jours de maladie.  « Il semble que les travailleurs optent de plus en plus pour leur propre santé. C’est une bonne nouvelle, mais le fait de continuer à travailler en cas de maladie n’est ni bon ni mauvais. Tant le repos que le travail peuvent contribuer à un rétablissement rapide, en fonction de la situation médicale et professionnelle concrète » explique Heidi Verlinden, HR Research Expert chez Securex.

Le présentéisme est le phénomène par lequel les travailleurs malades ne fournissent pas de certificat médical, mais choisissent tout de même d’aller travailler ou de faire du télétravail. En 2019, le travailleur belge a continué à travailler pendant un tiers de ses jours de maladie C’est une forte diminution comparé à 2014, quand les travailleurs belges indiquaient qu’ils continuaient à travailler pendant près de la moitié (46 %) de leurs jours de maladie (1). Il n’y a plus eu d’évolution l’année dernière par rapport à 2018 (l’augmentation de 31 % à 34 % n’est pas statistiquement significative). Les jours de maladie en question ne sont pas liés à une grossesse ou à un accident de travail.

77 % des travailleurs malades continuant à travailler l’on fait pendant 1 à 10 jours en 2019, près de 15 % pendant 11 à 20 jours et 8 % même pendant plus de 20 jours. Ces derniers ont continué à travailler pendant 1 à 3 mois en dépit de leurs problèmes de santé, et dans un cas exceptionnel même pendant plus de 6 mois.

Parmi les travailleurs belges, 36 % n’ont jamais été malades au cours des 12 mois précédant l’étude ; 64 % ont été malades ou blessé suite à un accident domestique pendant au moins 1 jour. De tous les travailleurs belges qui ont été malades au moins 1 jour au cours des 12 mois précédents, un peu plus de 4 sur 10 (43 %) n’ont jamais continué à travailler ce(s) jour(s)-là. 1 sur 10 (10 %) a continué à travailler pendant tous ses jours de maladie et près de la moitié (47 %) ont combiné le travail et le repos.

Securex constate également une évolution significative depuis 2014 dans l’arrêt ou la poursuite systématique du travail. Le nombre de travailleurs malades qui ont toujours continué à travailler a été réduit de moitié, passant de 20 % en 2014 à 10 % en 2019. Le nombre de travailleurs qui, pour leur part, n’ont jamais continué à travailler pendant leurs jours de maladie a par contre augmenté de près de la moitié durant la même période, passant en l’occurrence de 29 % en 2014 à 43 % en 2019. Le pourcentage de travailleurs qui ont combiné travail et repos pendant leurs jours de maladie a fluctué au fil des ans et se situait en 2019 à un niveau équivalent à 2014, à savoir 47 %.

Sensibilisation croissante à leur santé parmi les travailleurs

Pourquoi les travailleurs belges travaillent-ils pendant moins de jours de maladie qu’en 2014 ? Securex voit une explication possible dans une sensibilisation croissante du travailleur à l’importance de sa santé et dans la prise en compte de ce qu’il peut et ne peut pas faire.

« Le travailleur est devenu de plus en plus conscient de sa santé physique et mentale. Nous supposons que les travailleurs consultent plus rapidement leur médecin et recherchent davantage un style de vie sain. De ce fait, en cas de maladie, ils préféreront rester à la maison et se soigner, y compris pour prévenir une contamination des collègues au travail. Le fait que de moins en moins de travailleurs optent pour le présentéisme transparaît également dans les chiffres d’absentéisme les plus récents, qui font état d’une augmentation des absences plus brèves et plus fréquentes par rapport aux absences de longue et de moyenne durée. »
Pourtant, 1 travailleur belge sur 10 continue invariablement à travailler pendant sa maladie. Il s’agit principalement d’universitaires et de personnes hautement qualifiées, de travailleurs de moins de 45 ans, de travailleurs d’entreprises employant jusqu’à 250 personnes, de travailleurs ayant de 1 à 3 ans d’ancienneté et de travailleurs dont le partenaire a un emploi à temps plein. En 2019, plus aucune diminution du nombre de jours pendant lesquels un travailleur continue à travailler en cas de maladie n’a été constatée par rapport à 2018.

« La guerre des talents fait rage dans un certain nombre de secteurs, comme le secteur des soins de santé, d’où une pression très élevée pour continuer à travailler en cas de maladie. Cela pourrait expliquer pourquoi nous n’observons plus de diminution durant la période écoulée. » dit Stéphanie Heurterre, Consultante Absentéisme chez Securex.
Il ressort de l’étude de Securex que les travailleurs malades qui continuent malgré tout à travailler le font surtout 1) parce qu’ils se sentent capables de travailler (30%), 2) parce qu’ils ne veulent pas surcharger leurs collègues (19%) et 3) parce qu’ils sont motivés (12%).

Conséquences négatives à long terme

Securex conseille de rester vigilant face au présentéisme structurel. L’étude de Securex fait apparaître que dans 1 cas sur 3 (34%), le travailleur ressent des conséquences négatives quant à la poursuite du travail en cas de maladie. Elle est chez la plupart d’entre eux la cause d’un rétablissement difficile ou d’un allongement de la période de maladie (64%). 1 travailleur sur 5 (20 %) éprouve des conséquences mentales sous la forme de fatigue, de stress, d’angoisse, de dépression ou de burn-out. 16 % observent des conséquences au travail, comme un surcroît de travail, un travail plus lourd, des difficultés dans l’exécution du travail et l’incompréhension de la part des supérieurs ou des collègues. Ceci peut conduire à une plus grande rotation du personnel. Les travailleurs qui ont continué au moins une fois à travailler en cas de maladie cherchent plus souvent du travail ailleurs que leurs collègues qui n’ont jamais continué à travailler en cas de maladie (38% vs. 27%).

« Nous ne pouvons pas accepter que certains travailleurs continuent invariablement à travailler durant la maladie, mais pouvons en revanche faire preuve de flexibilité lorsqu’il s’agit de l’exécution de certaines tâches lorsque l’on a des problèmes de santé. La bonne motivation est ici essentielle. Ceux qui, d’une manière générale, travaillent parce qu’il le faut, ressentiront, en cas de maladie, une plus grande pression pour continuer à travailler que ceux qui, d’une manière générale, travaillent parce qu’ils le veulent. Les employeurs peuvent créer un contexte dans lequel leurs travailleurs font eux-mêmes le bon choix de continuer ou non à travailler, sans que cela soit imposé par leur employeur ou leur médecin. L’employeur, le supérieur ou le travailleur ont tous intérêt à ce que le travailleur fasse un choix sain qui aura un effet positif à court et à plus long terme. » conclut Elisabeth Van Steendam, Consultante Absentéisme chez Securex.

 

(1) La question posée est la suivante : « Au cours des douze derniers mois, combien de jours avez-vous été malade ou blessé par un accident privé, mais avez-vous malgré tout continué à travailler ? (pas de grossesse ou d’accident du travail) »).

Source: Ces chiffres sont issus d’une étude sur le présentéisme, réalisée par le prestataire de services RH Securex auprès de 1.500 travailleurs en Belgique. Les données de cette enquête ont été collectées par le biais d’enquêtes en ligne en 2014, 2015, 2017, 2018 et 2019. Les chiffres s’appliquent au travailleur belge moyen. L’échantillon d’au moins 1 500 salariés dans chaque cas (sauf pour 2014 quand l’échantillon était composé de 1053 salariés) est représentatif du marché du travail belge : la répartition de l’échantillon par sexe, âge, statut et région correspond à la répartition selon les données de l’Office national de sécurité sociale. Les raisons et les conséquences de la poursuite du travail en cas de maladie ont été étudiées dans le cadre de l’enquête 2018.

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