Question centrale du dossier Peoplesphere qui viendra clôturer ce mois de février. Les enjeux du dossier thématique n°210: vérifier et comprendre trois changements majeurs qui sont intervenus dans la relation employeur/employé. Puis, identifier ensemble comment gérer la mutation en cours, celle qui nous invite à passer du rapport de force à la relation de réciprocité. Voici les enjeux du dossier thématique n°210 de Peoplesphere.Tentons de vérifier ceci ensemble : trois changements majeurs seraient intervenus dans la relation – ce que l’on appelle aussi parfois le contrat moral – entre l’entreprise et ses collaborateurs. S’y intéresser, ce n’est pas seulement essayer de comprendre les mouvements de société et leurs impacts sur la vie dans l’entreprise. C’est aussi tenter une analyse de la manière d’adapter notre People Management en conséquence. C’est enfin le meilleur moyen d’entamer la réflexion concernant le futur de cette discipline essentielle et complexe qui consiste à ‘gérer’ des individus et des équipes.
L’assertion la plus fréquente, que nous partageons sans réserve d’ailleurs : le rapport de force s’est inversé! Il est révolu le temps où l’entreprise était dominante puisqu’en position de dicter qui et quand elle recrute et licencie. Nous allons voir que ceci est vrai, sans aucun doute, mais seulement pour une catégorie de population, pour les talents identifiés en tant que tels, sur base de leurs compétences ou de leurs performances. Ce ‘nouvel équilibre’ dans la relation employeur/employé génère plus d’inégalités encore que ce que nous connaissons déjà. Il creuse un fossé social dangereux… Peut-on accepter cela dans les sphères RH où nous sommes supposés garantir une équité de plus en plus difficile à gérer? C’est un débat difficile sur lequel nous devrons revenir. En attendant, nous allons collecter les signes concrets qui démontrent pourquoi et comment les rôles dans la relation entre l’entreprise et ses travailleurs ont été redistribués.
Deuxième constat : le rapport de subordination n’existe plus. L’argument d’autorité ne fonctionne plus. Simple question générationnelle? Hum… Ce n’est sans doute pas aussi simple que cela. L’émergence des millenials ne suffit pas à expliquer une relation à l’autorité qui s’est effondrée. Nous pourrions y voir aussi l’expression d’une perte de confiance générale vis-à-vis de tout ce qui incarne le pouvoir. A explorer donc… en conservant à l’esprit une conséquence probable de cette évolution au fur et à mesure qu’un nombre de plus en plus important de travailleurs prennent un statut de freelance. Si cet élément de subordination est bel et bien en train de disparaître, nous aurons vraisemblablement besoin d’une redéfinition des critères qui permettent de distinguer une relation contractuelle sur base d’un statut employé ou d’un statut indépendant.
Reste enfin la question de la guerre des talents? L’appellation a-t-elle encore un sens?
Cela veut-il dire quelque chose encore, ou bien sommes nous dans une situation normalisée (comme la crise, qui est installée ‘durablement’…). La concurrence n’opère désormais plus seulement entre les entreprises qui vont se disputer les meilleurs profils sur le marché de l’emploi. Le choix est multiple pour ces talents, à commencer par celui qui consiste à monnayer leurs intérêts de manière aussi diversifiée que possible auprès de leurs propres clients…
Ces trois questions sont de l’ordre du sociétal… Et les défis managériaux qui en découlent sont colossaux.
Nous sommes en train de vivre la mutation du rapport de force ‘classique’, tel qu’il existe entre un dominant et un dominé, vers une relation d’égal à égal entre des parties qui doivent encore apprendre à se respecter. Ce sont des moments palpitants à vivre. Décidément, notre époque est formidable.
Jean-Paul ERHARD
Le dossier print de Peoplesphere n°210 paraîtra fin février 2017. Pour en lire la version intégrale, ne tardez pas à commander votre édition de Peoplesphere ou plus simplement encore, rejoignez la communauté des lecteurs réguliers en souscrivant votre abonnement : http://www.peoplesphere.be/fr/abo/