« Sommes-nous bien alignés ? » N’est-ce pas la question que nous entendons le plus souvent dans nos entreprises ? Nos équipes souffrent de façon récurrente de manque de coordination, de lacunes sur le plan de la cohérence interne, de réelles déficiences quant au partage des priorités du groupe… Mais pourquoi donc l’alignement de nos collaborateurs sur une même ligne est-il si difficile à réaliser ?
Trop de changement tue le changement ! Il faut s’interroger. Lorsque le changement a pour seule vocation de maintenir nos collaborateurs en mouvements voire de bousculer l’ordre établi, est-il vraiment nécessaire ?
Nous avons intégré dans notre fonctionnement la constante du changement. Elle s’impose afin de garantir la capacité d’adaptation de nos organisations à un environnement business qui est en état permanent de bouleversement. Très bien. Cependant…
Le changement n’est pas une fin en soi. Contrairement à ce que l’on entend parfois, le ‘voyage’ ne compte pas autant que la ‘destination’. Ce qui importe, c’est l’amélioration que le processus de transformation que nous proposons à ceux qui nous entourent va délivrer. L’effort prioritaire consiste à comprendre et détecter les avantages générés par le changement, à les expliquer, à les ‘vendre’ si besoin et à rassembler les énergies. En dehors de ce préalable, mieux vaut renoncer… ou se préparer à affronter de sérieuses déceptions. Il y a aujourd’hui une sensation généralisée de fatigue qui ne peut être dépassée que par le sens et la pertinence des transformations que nous voulons mettre en œuvre.
Rappelons-nous que le changement ne constitue en aucun cas une promesse en matière d’innovation. Seule la bonne volonté des travailleurs peut donner naissance à de nouvelles idées et à leur concrétisation.
Discipline et solidarité.
La deuxième entrave majeure à l’alignement réside selon nous dans la difficulté de maintenir une forme de discipline au sein des équipes, à commencer par le plus haut niveau de l’organisation.
Plus encore, nous aimons évoquer le manque cruel de solidarité entre celles et ceux qui composent nos équipes, qu’elles soient de direction, de gestion de projet ou de terrain tout simplement.
Souvent, ce sont des problématiques d’égo – le moteur numero uno des luttes intestines ! – qui prennent le dessus. Elles nuisent forcément à l’intérêt collectif.
Comment avancer sur ce terrain ? La discipline peut être imposée, sur base de simples arguments d’autorité. La démarche est plus compliquée si nous voulons atteindre un certain degré de solidarité. Parce qu’il faut ‘installer’ une dimension sentimentale qui, à l’évidence, ne se commande pas. Rien d’impossible cependant. Il suffit d’ouvrir nos entreprises à la réalité de l’économie de l’émotion, d’enrichir notre vocabulaire et d’utiliser toutes les facettes de notre intelligence.
Même les superhéros avancent groupés !
Le monde parfait n’existe pas. D’où la question que nous sommes en droit de nous poser : l’entreprise peut-elle se passer d’un alignement optimal ? Nous pensons que c’est de moins en moins le cas. L’alignement devient le principal enjeu. Lorsqu’il s’agit de faire la ‘différence’ sur nos marchés, la capacité à organiser la ‘meute’ et à la mobiliser dans un même élan devient essentielle. Nos écosystèmes, de plus en plus collaboratifs, ne permettent plus à des stars isolées de multiplier les exploits. Même les leaders les plus charismatiques ne peuvent désormais réussir sans avoir au préalable installé des squads qui impressionnent par leur cohésion. Regardons bien autour de nous : les superhéros eux-mêmes avancent groupés désormais. Que ce soit pour vaincre le mal absolu ou pour multiplier les bénéfices des sociétés qui gèrent leurs droits d’image (sourire), ils sont résolument ensemble. Et les résultats sont probants.
Jean-Paul Erhard