Comme le montre la dernière étude des Mutualités Libres, 1 diagnostic principal sur 4 au début de l’incapacité de travail concerne un trouble psychosocial. Les mêmes résultats révèlent également que ce sont principalement les femmes employées qui se retrouvent en incapacité de travail pour cause de burn-out, de dépression ou de troubles anxieux. Les Mutualités Libres soulignent qu’investir dans de bonnes conditions de travail et dans le bien-être des travailleurs est une condition indispensable pour prévenir l’incapacité de travail.
La dernière étude des Mutualités Libres montre qu’un diagnostic principal sur quatre (24,8 %) lors de l’entrée en incapacité de travail concerne un trouble psychosocial. Au bout de six mois, au premier jour du 7e mois d’incapacité de travail, la proportion de personnes en incapacité de travail en raison d’un trouble psychosocial est d’un peu plus de 40 %. Encore six mois plus tard, quand on parle d’entrée en invalidité (donc après 1 an d’incapacité), cette proportion est de 4 sur 10. Il s’avère que les personnes souffrant d’un trouble psychosocial connaissent une incapacité de travail plus longue que la moyenne : celles qui traversent une dépression restent en moyenne 4 mois à la maison, contre 3 mois en cas de burn-out. Ce qui est plus long que pour les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire, par exemple.
« En Belgique, nous manquons cruellement de données objectives concernant les absences maladie causées par les affections mentales et le burnout », explique le Professeur Philippe Mairiaux, médecin du travail et ergonome. « L’enquête réalisée par les Mutualités Libres est donc précieuse. Elle confirme l’impact très important de ces affections sur les incapacités de travail de longue durée : 40 % des incapacités de 6 mois et plus étaient liées à ces affections ! »
Ces chiffres ressortent donc d’une analyse des affiliés des Mutualités Libres. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2018, près de 60.000 d’entre eux se sont retrouvés en incapacité de travail pour cause de maladie. Ils ont fait l’objet d’un suivi pour cette étude jusqu’au 31 décembre 2019.
Davantage de burn-out chez les employées
Mais ce n’est pas tout. L’analyse montre également que ce sont principalement les employés qui tombent en incapacité de travail à la suite de troubles psychosociaux. En effet, chez les employés, les troubles psychosociaux représentent environ un tiers du nombre total de diagnostics au début de l’incapacité de travail. Cette part monte à 55 % après 6 mois et reste inchangée après un an. C’est beaucoup plus que chez les indépendants et les ouvriers. Chez les indépendants, un dossier dure plus longtemps avant de pouvoir être clôturé et la proportion d’indépendants en incapacité de travail pour cause de burn-out ou de dépression augmente fortement après 6 mois et lors de l’entrée en invalidité.
Par rapport aux hommes, les femmes sont doublement touchées par les troubles psychosociaux. Tout d’abord, 30 % des femmes reçoivent le diagnostic d’un trouble psychosocial au début de leur incapacité de travail, contre 19 % chez les hommes. Ensuite, ces types de dossiers durent plus longtemps chez les femmes que chez les hommes.
Cette différence entre les hommes et les femmes avait déjà été démontrée par l’INAMI, au moment du passage en invalidité. Le fait qu’un nombre beaucoup plus élevé de femmes que d’hommes présentent un trouble psychosocial comme diagnostic au début de l’incapacité de travail est par contre une nouvelle constatation.
Surtout les travailleurs plus jeunes
Les jeunes travailleurs, âgés de 20 à 40 ans, semblent davantage se retrouver en incapacité de travail pour cause de burn-out que leurs collègues plus âgés (30 %). Toutefois, ils reprennent plus rapidement le travail après une période d’incapacité due à un trouble psychosocial. En cas de burn-out ou de dépression, les travailleurs plus âgés restent donc plus longtemps en incapacité que leurs collègues plus jeunes.
« La réintégration professionnelle constitue une partie importante du traitement des problèmes de santé mentale et il est essentiel qu’elle commence à temps », explique le Professeur Philippe Mairiaux. « Pendant une période d’incapacité de travail, garder un contact permanent avec le travail est un élément précieux pour favoriser le succès de la reprise. Cela permet également de reprendre le travail plus rapidement. Il est aussi crucial de reconnaître les causes des problèmes de santé mentale liées au travail et de s’attaquer aux obstacles qui peuvent empêcher la reprise professionnelle. »
Prévention et investissement dans le bien-être des travailleurs
L’incapacité de travail mérite une pleine attention, quelle qu’en soit la raison. C’est pourquoi les Mutualités Libres considèrent cette question comme une priorité, qu’elles ont d’ailleurs reprise dans leur Mémorandum 2019. « Et cela va au-delà de l’incapacité de travail due à des troubles psychosociaux », explique Philippe Marneth, Médecin-Directeur des Mutualités Libres. « La prévention est le meilleur remède pour éviter l’incapacité de travail. Aussi bien pour empêcher les burn-out que les maladies osseuses et musculaires, par exemple. Il est pertinent pour les entreprises d’organiser davantage d’actions de prévention. Investir dans des conditions de travail optimales et dans le bien-être des travailleurs est une condition sine qua non pour prévenir l’incapacité de travail. Grâce à la réglementation sur la réintégration professionnelle, les employeurs en sont davantage conscients : limiter la charge psychosociale des travailleurs permet à une entreprise de se développer.”