L’absentéisme continue d’augmenter en 2018, avec à nouveau, comme prévu, une forte augmentation des absents de longue durée. Dans le secteur privé, 41 % sont malades pendant plus d’un an. Cette augmentation s’observe tant chez les travailleurs âgés que chez les jeunes. Le vieillissement des travailleurs n’explique donc pas tout.
Au cours des 6 premiers mois de 2018, 7 travailleurs sur 100 étaient absents pour cause de maladie ou en raison d’un accident de la vie privée lors d’une journée de travail moyenne.
Depuis 2001, la progression de l’absentéisme dans le secteur privé belge est quasi continue. Elle persiste également en 2018. Le pourcentage total de maladie au sein des entreprises comptant jusqu’à 1000 travailleurs est en effet passé de 6,70% au premier semestre de l’année dernière à 6,93 % au cours des six premiers mois de cette année. Alors que le pourcentage de maladie de moyenne durée (de 1 mois à 1 an) est resté au même niveau, le pourcentage de maladie de longue durée (plus de 1 an) a enregistré une hausse de 4 % et le pourcentage de maladie de courte durée (moins de 1 mois) a augmenté de 6 %.
Karin Roskams, Business Unit Manager Absentéisme : « Securex avait prédit que l’absentéisme de longue durée allait continuer à augmenter, mais je constate quand même aussi une augmentation soudaine de l’absentéisme de courte durée. Outre l’attention accrue accordée récemment aux absences de longue durée, l’attention aux absences courtes et fréquentes dans les entreprises reste requise. Ce sont surtout ces dernières qui sont onéreuses à terme pour l’entreprise et qui peuvent être un indicateur des absences de longue durée. Car nous savons qu’une personne qui est fréquemment absente pour une courte durée encourt un risque plus élevé d’absence de longue durée. »
Des malades absents de plus en plus longtemps
Les absences de longue durée déterminent toujours davantage l’absentéisme total. Pour preuve, en 2001, la part d’absences de longue durée s’élevait à 25 % du pourcentage de maladie total. En 2018, ce chiffre s’élève déjà à 41 % au premier semestre. Cela signifie que le nombre de travailleurs absents depuis plus d’un an lors d’une journée de travail moyenne est passé de un sur quatre à presque un sur deux entre 2001 et 2018.
C’est chez les plus de 50 ans que cette part d’absences de longue durée est la plus élevée (60 % contre 29 % chez les 30-49 ans et 5 % chez les travailleurs de moins de 30 ans), mais les ouvriers (46 % contre 34 % chez les employés) sont également confrontés à de nombreuses absences de longue durée.
De plus en plus de jeunes travailleurs concernés
Si la part d’absences de longue durée a toujours été plus élevée chez les travailleurs plus âgés, l’augmentation est proportionnellement plus forte dans les catégories d’âge plus jeunes depuis 2001.
Heidi Verlinden, HR Research Expert Securex : « L’explication de cette évolution marquée de l’absentéisme de longue durée n’est donc pas à chercher seulement auprès du groupe toujours croissant de travailleurs plus âgés. Ceux-ci ont en effet toujours compté davantage d’absences de ce type, notamment à cause de problèmes de santé liées à l’âge ainsi que par l’usure provoquée par de longues années de travail dans un emploi physiquement pénible. Outre les douleurs musculaires et articulaires, les problèmes psychosociaux ont également gagné en importance. »
Vers un ralentissement de l’augmentation de l’absentéisme de longue durée
Pour l’année 2018, nous nous attendons à ce que le pourcentage de maladie de longue durée évolue vers 2,94 % (et le chiffre global même vers 7,06 %). Nous basons notre estimation de la croissance attendue sur l’évolution des chiffres de l’absentéisme à ce jour, les évolutions démographiques et sur l’évolution de la santé physique et mentale des travailleurs.
« Nous nous attendons à une progression moins forte que les années précédentes parce que nous observons, au premier semestre de cette année, une augmentation du nombre de demandes de réintégration de la part des employeurs et des médecins-conseil. Pour plus de la moitié des demandes, cela conduit malgré tout encore à un licenciement pour raisons médicales, et donc pas à une réintégration chez l’employeur actuel. Cependant, c’est tout de même mieux que de rester en incapacité de travail car cela ouvre des possibilités pour un emploi ailleurs. »
Cette projection se base sur les tendances qui se dessinent jusqu’au mois de juin 2018 compris. Si la situation ne change pas sur le plan législatif, des stimulants de la part des pouvoirs publics, de l’approche des mutualités, des mesures prises par les entreprises et les syndicats, etc., le pourcentage de maladie de longue durée pour l’année 2018 s’établira aux alentours du chiffre annoncé.
Source : une étude de Securex menée auprès de 25.542 employeurs et 201.976 travailleurs du secteur privé belge.