Les Femmes CSC lancent un appel qui, nous semble-t-il, devrait être entendu avec le sens de l’urgence qui sied à la situation. L’aile ‘féminine’ du syndicat chrétien souligne en effet que la politique du « comme si de rien n’était » n’est pas tenable pour les travailleuses.eurs! Ce n’est une solution ni pour un travail efficace ni pour le bien-être des travailleurs.euses qui se débattent au jour le jour avec des solutions bricolées. Menaces de licenciement, risque pris pour la santé, forte diminution de revenus, l’autonomie économique et financière des femmes est particulièrement menacée.
La santé mentale des travailleurs.euses mérite une attention particulière : nombreux.ses sont ceux.celles qui supportent une charge émotionnelle accrue en rapport avec leur travail ou leur situation familiale.
Les parents (et singulièrement les femmes) qui travaillent, qui sont en télétravail depuis le début ou qui sont en train de reprendre le travail sont totalement démuni.e.s face à la reprise minimale de l’école et au fait qu’ils.elles devraient continuer à travailler « comme si de rien n’était » avec leurs enfants. Les enfants qui reprennent l’école n’y seront qu’un à deux jours par semaine. On ne peut pas parler de rentrée scolaire dans ces conditions. Pour les enfants plus jeunes, qui demandent une attention continue, aucun temps scolaire n’est prévu.
Celles.ceux qui travaillent en dehors de la maison doivent le faire avec une surcharge de travail et un stress accru dû au risque de contagion. A cela s’ajoute une fatigue énorme qui s’installe après 8 semaines de lutte dans les secteurs prioritaires où les conditions de travail faisaient déjà l’objet d’actions syndicales fortes avant la crise du coronavirus. Il existe aussi des tensions lorsque les mères vont travailler et que les pères, souvent moins habitués à endosser les tâches domestiques et familiales, télétravaillent avec les enfants. Les mamans continuent à assumer leur double ou triple journée.
Pour les familles monoparentales, se pose la question de l’accueil de leurs enfants en garderie ? Vont-ils garder leur place ? Quid pour leur emploi si ce n’est pas le cas ou si des systèmes de tournantes sont mis en place ?
Ceux.celles qui sont en télétravail avec enfants témoignent du fait que les craquages guettent après 7 semaines à essayer tenir bon et de tout goupiller. Beaucoup de parents se lèvent à l’aube pour travailler le plus possible avant le lever des enfants et retravaillent après les mises au lit. La surcharge de travail domestique et familial est également à prendre en compte : quand tout le monde est à la maison 24h/24, tout se salit et se dérange en continu.
Pour tou.te.s les travailleurs.euses, , des mesures d’adaptation du travail, au-delà du télétravail, doivent donc être imaginées. Les employeurs.euses doivent donner des objectifs réduits, diminuer le temps de travail, diminuer le temps de réunion… pour rendre la situation la moins tendue possible pour les parents en télétravail et pour les travailleurs.euses qui sont sur leur lieu de travail.
Tous ces constats sont évidemment exacerbés pour les familles monoparentales (80% de femmes). Nous avons reçu plusieurs témoignages de maman seules qui ont épuisés tous leurs congés payés, doivent retourner au travail alors que leurs enfants ne sont pas dans les âges prioritaires et qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde en garderie. Certaines, plus à l’aise financièrement, vont pouvoir se permettre de prendre le congé parental corona, mais il n’est pas accessible pour celles qui sont en temps partiel ou qui n’ont pas l’aide de proches.
Le congé parental « corona » est une avancée même s’il reste peu accessible financièrement à bon nombre de familles qui connaissent déjà des difficultés financières suite aux périodes de chômage temporaire ou de perte d’emploi. Le libre-arbitre laissé à l’employeur ne permet pas non plus à chacun.e d’en bénéficier.
Pour les Femmes CSC, il est urgent de :
- Mettre en place des balises pour que les employeurs.euses diminuent leur niveau d’exigence, la charge de travail, le temps de travail et les exigences d’évaluations pour les travailleurs.euses en période de corona, en particulier ceux.celles avec enfants.
- Recevoir des instructions claires concernant les garderies car elles ne vont pas pouvoir accepter tous les enfants. Quelles seront les règles ? Quelles garanties au niveau de la sécurité des enfants ? Quelles répercussions sur les travailleurs.euses ? Quelles adaptations nécessaires de la part des employeurs.euses ? Quelle sécurité pour les travailleurs.euses qui accueillent les enfants dans ces garderies ?
- Prévoir une protection des travailleurs.euses, particulièrement des parents de jeunes enfants, pendant et après la période de coronavirus ainsi que pour les femmes enceintes.
Les Femmes CSC demandent au gouvernement et aux expert.e.s du déconfinement de prendre d’urgence des mesures pour améliorer la situations des travailleuses et travailleurs qui sont en grande difficulté pour combiner vie professionnelle et vie familiale en ces temps difficiles.
Source: CSC