De l’importance du (manque de) sommeil dans notre vie professionnelle…

Selon les chiffres de l’Académie royale de Médecine de Belgique, 1 Belge sur 3 dort mal et 20 % souffrent d’insomnie chronique. Le Dr Inge Declercq, neurologue et experte du sommeil, a été confrontée au cours de sa carrière médicale à l’ampleur réelle des troubles du sommeil chez les travailleurs belges. Quelle est l’importance du sommeil dans notre vie quotidienne ?

Un sommeil réparateur est essentiel pour être concentré et actif pendant la journée de travail. Des études américaines et européennes montrent que les travailleurs fatigués sont jusqu’à 55 % moins productifs et 20 % plus absents que leurs collègues reposés. En outre, les travailleurs non reposés sont plus susceptibles d’avoir un accident du travail.

« Une seule nuit courte n’est pas dangereuse. Mais dans la pratique, il s’avère que, avec notre rythme de vie rapide et tout le stress que nous subissons, nous sommes loin de dormir suffisamment » explique le Dr Inge Declercq. « Et cela peut avoir des conséquences fâcheuses, voire graves : manque d’énergie, manque d’attention et de concentration, troubles de la mémoire, perturbation de la capacité à prendre des décisions, vulnérabilité accrue aux infections ou risque accru de surpoids. Le contrôle des émotions diminue également. Les conséquences les plus graves sont sans doute le lien entre la privation chronique de sommeil et les maladies cardiovasculaires et même un risque plus élevé de décès. »

L’employeur doit-il s’intéresser au sommeil de ses travailleurs alors que cela relève de la vie privée?

« C’est une erreur de penser que le sommeil et le manque de sommeil sont des questions purement personnelles. Sommeil et veille sont des vases communicants : les personnes qui dorment mal la nuit sont moins performantes le jour et celles qui dorment bien sont généralement plus performantes. Inversement, les possibilités ne manquent pas pendant les heures de travail pour améliorer le sommeil : faire assez d’exercice physique, avoir une alimentation saine, limiter son niveau de stress, etc.
Une étude américaine sur l’insomnie a évalué que le coût annuel des problèmes liés à la fatigue et aux troubles du sommeil s’élève à au moins 2 000 euros par travailleur et par an. C’est une somme énorme, surtout quand on sait que quelques mesures simples au sein de l’entreprise peuvent déjà contribuer à améliorer la qualité du sommeil des travailleurs. Je ne veux pas dire par là que la responsabilité incombe entièrement à l’employeur. Les travailleurs doivent en premier lieu adopter un modèle veille/sommeil sain. Mais l’employeur peut certes sensibiliser les travailleurs à l’importance d’un sommeil réparateur. »

Notre besoin de sommeil n’est-il pas aussi en partie déterminé génétiquement ?

« L’homme est intrinsèquement programmé pour être éveillé et dormir alternativement. Ce cycle veille/sommeil est contrôlé par trois pilotes : notre horloge biologique, la quantité de sommeil dont nous avons besoin pour récupérer et les influenceurs externes.
Les deux premiers facteurs sont déterminés biologiquement. Cela ne veut cependant pas dire que vous ne pouvez exercer aucun impact sur ces facteurs : les facteurs externes influencent votre horloge biologique. Comme exemples typiques, citons la quantité de lumière du jour ou de lumière bleue que vous absorbez, le stress, l’activité physique, le régime alimentaire, la pression au travail. Ces influenceurs externes – le troisième pilote – sont donc en partie sous votre contrôle. »

Le rôle du rythme de travail et l’environnement de travail.

« L’employeur doit assurer des conditions de travail optimales. Par exemple, accordez aux travailleurs occupés dans une pièce peu éclairée des pauses suffisantes à l’extérieur. Instaurez un système de rotation sain pour le travail en équipe. Ou autorisez les horaires flottants afin que vos collaborateurs puissent travailler selon leur propre biorythme.
À l’heure actuelle, un grand nombre de travailleurs sont disponibles en ligne de manière continue, même après les heures d’ouverture. C’est en partie un choix personnel, mais les employeurs feraient bien de prévoir un cadre qui leur permet de se déconnecter. Faites savoir à vos collaborateurs qu’ils ne doivent pas être joignables ou assurer le suivi des mails en dehors des heures de travail si leur fonction le permet.
Parallèlement, proposer des ateliers donnés par un expert constitue une étape logique. Vos collaborateurs découvrent ainsi l’importance d’un sommeil réparateur et surtout ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes pour améliorer la qualité de leur cycle veille/sommeil. De récentes études de la London School of Economics indiquent que les formations dans ce domaine sont très rentables. »

Bon à savoir

• un adulte actif a besoin de 7 à 9 heures de sommeil par nuit ?

• on peut déjà parler de sommeil réparateur si vous dormez profondément au moins 15 % de la nuit ? Les heures restantes sont réparties entre la phase d’endormissement (5-10 %), le sommeil léger (50-60 %) et le sommeil paradoxal (25 %).
• la première moitié de notre nuit de sommeil contient plus de périodes de sommeil profond ? Même si vous allez dormir après minuit. Ce ne sont donc pas tant les heures avant minuit mais les premières heures de notre sommeil qui sont les plus importantes.

Source: Mensura

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