Éditorial – Bien-être en péril sous l’effet de la confusion des sphères privée et professionnelle?

Il y a encore quelques poches de résistance… Certains d’entre nous tentent de préserver une séparation nette entre travail et vie privée. Pourtant, dans notre quête de flexibilité, les endroits où nous nous mettons au boulot et les périodes pendant lesquelles nous sommes au travail se multiplient. Les frontières entre les sphères privée et professionnelle disparaissent.
Bosser à la maison, c’est normal. Et gérer des problématiques personnelles depuis le bureau, c’est devenu fréquent. Mais cela ne concerne pas tout le monde, ce qui explique peut-être pourquoi certains veulent résister encore à la réalité d’une confusion croissante entre notre travail et notre vie personnelle. Et vous, êtes-vous pour ou contre des sphères qui se mélangent et se confondent, sans mettre en péril le bien-être de nos collègues? Voici quelques éléments de réflexion afin de penser plus loin ensemble.

La réalité de deux vies – privée et professionnelle – distinctes ne résiste plus à l’analyse. Celles et ceux qui n’en veulent pas ont longtemps posé la question de la santé mentale des travailleurs. Une question qui n’est pas pertinente lorsque le job rime avec épanouissement et plaisir. Une question qui demeure hyper sensible lorsque la relation au boulot est problématique. Est-ce la principale raison pour laquelle certains d’entre nous peinent encore à promouvoir une approche intégrée? C’est ce que nous avons cru pendant longtemps mais il y a bien d’autres enjeux sur le terrain…

Ce vieux fantasme de l’égalité entre travailleurs

Le travail déspatialisé et détemporalisé n’est pas pour tout le monde. C’est vrai. Il reste un grand nombre de fonctions qui n’ont pas accès à ces formes de flexibilité qui ‘permettent’ de ramener du travail à la maison lorsque cela s’impose (et peu importe que cela soit pour des raisons d’organisation personnelle ou d’urgence professionnelle). Celles-ci nous autorisent également à privilégier des priorités familiales pendant les heures de travail, sans que cela soit l’objet de négociations interminables. Quid donc des jobs pour lesquels cela reste compliqué (et non impossible) ?

Le management s’est longtemps exercé sur un principe d’égalité qui n’est pourtant pas d’application dans nos entreprises. Les syndicats l’utilisent comme argument par pure idéologie. Les patrons y ont recours pour faire preuve d’une mauvaise volonté crasse face à la prise en compte des attentes et besoins de leurs travailleurs. Nous devons nous affranchir de ce mythe égalitaire afin de promouvoir un cadre cohérent, globalement équitable, à l’intérieur duquel les attentes individuelles et les besoins collectifs sont rencontrés. C’est un réel challenge. Excitant à relever.

Intimité ou intrusion… Difficile de trouver la bonne distance

Les employeurs sont de plus en plus engagés envers une qualité de vie globale. Ce qui veut dire? Que la gestion du bien-être ne commence pas au seuil de l’entreprise. Qu’il est nécessaire aujourd’hui de prendre en compte tous (ou presque tous) les éléments qui contribuent et qui perturbent la qualité de vie des travailleurs. Et que les limites du cadre à l’intérieur duquel l’employeur intervient sont repoussées de jour en jour afin de participer au bien-être de ses collaborateurs.

En agissant de la sorte, nous sommes amenés à partager des questions intimes. Cela exige une rigueur et une déontologie de chaque instant afin de préserver le caractère privé des informations que nous pouvons échanger. Et cela requiert aussi une réelle intelligence émotionnelle pour détecter lorsque cela peut devenir intrusif…

Au fond, juste une question de pouvoir d’achat ?

L’intervention des entreprises dans la vie quotidienne et les activités personnelles de leurs collaborateurs est de plus en plus fréquente. Cela passe parfois par du soutien ‘moral’ mais plus concrètement par une contribution financière. Est-ce une évolution souhaitable ? Soyons pragmatiques… Face à un état désargenté qui n’est plus en capacité de proposer des services publics gratuits (et cela concerne tant ses missions ‘administratives’ que ses infrastructures culturelles et de loisirs), il faut bien que quelqu’un prenne le relais. Et les employeurs déploient leur créativité en diversifiant les packages de rémunération afin de remplir ce vide. Au fil du temps, des éléments de ce package prennent une place significative dans la vie quotidienne des salariés. Cela concerne la mobilité et la santé bien sûr, mais aussi l’éducation et les outils de communication. Tout le monde y gagne…

Il faut comprendre les craintes formulées par les derniers résistants. Nous pouvons en effet aisément concevoir que tous les travailleurs ne sont pas ‘armés’ pour bien gérer les interactions multiples entre nos sphères privée et professionnelle. Lorsque l’un.e d’entre nous ne parvient pas à déconnecter, cela peut provoquer des réactions de rejet et d’éloignement vis-à-vis du monde du travail. Le risque est réel.
Mais nous pouvons aussi reconnaître que les questions personnelles liées au coût de la vie, au rôle parental et autres petites contrariétés de la vie quotidienne éprouvent durement le bien-être physique et mental de nos collaborateurs. Elles méritent à coup sûr d’être prises en compte dans l’entreprise si nous sommes sincères dans notre engagement vis-à-vis de nos collaborateurs.

Jean-Paul Erhard

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