Éditorial – Face au retour du modèle de leadership autocratique, notre réponse sera collective ou ne sera pas!

C’est un moment unique : nous sommes enfin ‘contraints’ nous choisir un avenir! Un test grandeur nature de notre capacité de rebond… Notre grand frère protecteur et modèle de référence, les Etats-Unis en l’occurrence, nous abandonne à notre sort et il est évident que le temps est venu de nous choisir à la fois une destinée et une méthode qui nous correspondent.
Une étape essentielle dans la construction de soi que celle qui consiste à trouver notre propre voie. Être enfin obligé de penser par nous-mêmes. Le début de notre propre leadership.
Maintenant, il faut choisir le modèle de gouvernance qui nous convient. C’est en même temps une angoisse et une libération. Alors, on attend quoi?

Impossible de ne pas faire le parallèle avec le développement personnel et notamment avec cette étape-clé qui passe par l’émancipation et l’affirmation de nos propres convictions. Le choix qui est devant nous vient en réaction à des discours et des actions qui, globalement, nous dégoûtent. Ok, mais cela ne suffit pour définir ce que nous voulons. La question qui nous est posée est la suivante : quel modèle voulons-nous proposer en guise d’alternative à celui qui nous insulte et qui est fondé sur le culte de personnalités hyper narcissiques?

Continuer à croire dans la force de la cohésion

Est-ce que notre continent et nos valeurs sont en phase terminale? La crainte existentielle avec laquelle nous vivons aujourd’hui concerne notre attractivité auprès des investisseurs. Soyons lucides : ils ne sont plus intéressés à venir chez nous. Nous sommes juste un marché pour écouler des stocks, une zone compliquée par-dessus tout parce qu’elle n’est pas homogène à cause de cette foutue diversité qui la caractérise.
Notre modèle est considéré comme décadent par les dictateurs qui se multiplient autour de nous. Au fond, cela devrait nous réjouir! C’est sans doute même le moment idéal pour en rappeler les fondations: le collectif, l’ouverture, le compromis, l’intégration…
Nos équipes puisent leurs forces dans la cohésion, ce qui implique un effort quotidien pour résister aux instincts guerriers qui dominent aujourd’hui, notamment au sein de nos comités de direction et conseils d’administration.

Quelle stratégie face à la stratégie du bulldozer: la riposte ou l’évitement?

Les leaders autocratiques ont en effet besoin d’ennemis pour se maintenir en position. Ils se nourrissent des conflits et multiplient les provocations et autres formes d’agression afin d’occuper l’espace. Face à ces ‘créatures’, il est sage de conserver une forme assumée de tempérance.

L’inconvénient lorsqu’on n’est pas touché par cette hypertrophie de l’ego (ou à tout le moins que l’on reste capable de s’en distancier lorsque les chevilles sont trop gonflées), c’est que l’on développe une capacité à encaisser les coups sans broncher. On attend que l’adversaire s’essouffle et pendant ce temps, on subit.
Pourtant, nous ne pouvons pas toujours ‘laisser faire’… Les attaques qui touchent à nos fondamentaux ne doivent pas rester sans réponse. Un exemple? Comment nos entreprises vont-elles réagir au mot d’ordre transmis par les ambassades US afin de mettre fin sans délai à leur politique de diversité et d’inclusion? Il n’y a pas de place en l’occurrence pour une réaction tiède. Nous sommes en droit de rappeler à nos ‘cousins’ nord-américains qu’ils n’auront plus accès à nos marchés sans engagement sincère en la matière. Simple.

La capacité à rester en conversation avec nos ‘adversaires’…

Ce sont deux modèles de gouvernance qui devraient s’affronter, si nous confirmons notre opposition au retour en force des mâles alpha (sans caricaturer la question du genre même s’il est au cœur du débat de fond…). D’une part, celui d’un leadership autoritaire construit sur la mythologie d’un super-héros (qui meurt de toute façon à la fin, c’est nettement plus romantique). Et d’autre part, celui de la dynamique collective souvent complexe ou même fastidieuse (le temps nécessaire pour le compromis) qui permet d’assurer des transitions douces.

Le moment est venu de réaffirmer ce que nous voulons, quelles que soient les qualités intrinsèques de nos leaders. Puisque nous continuons de croire que c’est la somme des compétences et des énergies qui fait tourner nos entreprises, il est évident que la dimension collective restera au cœur de notre avenir. Et avec elle, une volonté réelle de préserver, dans tous les cas, notre capacité à dialoguer avec celles et ceux qui pensent, comme nous, que l’on n’arrive à rien en cultivant l’affrontement permanent avec le monde entier.

Jean-Paul Erhard

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