Le syndicat chrétien ACV-CSC METEA a chargé les instituts de recherche FTU (Université catholique de Louvain) et HIVA (KU Leuven) d’étudier les effets de l’industrie 4.0 sur le travail et les travailleurs. Le terme d’industrie 4.0 désigne l’augmentation de la numérisation qui permet une plus grande accessibilité des flux d’information et davantage de connectivité entre les opérateurs, mais aussi entre machines et opérateurs, ou encore entre les machines. L’intelligence artificielle, les big data, l’internet des objets, les machines autonomes, les cobots, le support cognitif, … tout cela participe de l’industrie 4.0.
Plus de 4.500 travailleurs, principalement des ouvriers des secteurs du métal ou du textile, ont participé à l’enquête. Cette étude est une primeur en Europe. Jamais auparavant les conséquences et la perception de l’industrie 4.0 n’avaient été examinées du point de vue des travailleurs. Les autres études avaient plutôt une perspective technique ou économique. Que ressort-il de cette enquête?
Le contrôle et l’évaluation numériques sont plus présents, mais les travailleurs n’en ont pas conscience.
Les applications de l’industrie 4.0 pourraient représenter une menace pour les travailleurs, c’est un fait. Mais ACV-CSC METEA est convaincue que ces menaces peuvent être transformées en opportunités, moyennant une bonne concertation entre employeurs et syndicats. C’est surtout la façon dont l’industrie 4.0 est introduite qui va déterminer la suite. ACV-CSC METEA veut prendre ses responsabilités. Le facteur déterminant, qui fera en sorte que l’industrie 4.0 soit une réussite à la fois pour les employeurs et les travailleurs, c’est la ‘participation’. Notre enquête montre que si les travailleurs et les délégués sont impliqués lors de l’introduction de l’industrie 4.0, cela influence positivement le bien-être des travailleurs. ACV-CSC METEA est prête à prendre ses responsabilités, et nous demandons aux employeurs d’en discuter avec nous.
Sur base de l’enquête on constate qu’il y a de plus en plus de systèmes de contrôle, de suivi et d’évaluation numériques, aussi bien pour les produits, les processus de production que pour les travailleurs. On sait déjà que les travailleurs sont contrôlés par les systèmes de pointage. La numérisation offre bien d’autres possibilités de suivi permanent. Il est pour le moins étonnant que les travailleurs soient rarement informés de ce que l’on fait de toutes ces données et encore moins de qui y a accès. Certes le monitoring permanent peut présenter des avantages, y compris pour les travailleurs, mais dans ce cas, il est nécessaire d’établir un cadre en concertation entre travailleurs et employeur.
Plus de technostress
L’industrie 4.0. entraîne en permanence de nouvelles tâches pour les travailleurs, ce qui rend les emplois plus complexes. La technologie reprend les tâches de pure exécution et les travailleurs doivent résoudre les problèmes. L’enquête indique que ceci peut donner lieu à une nouvelle forme de charge mentale, notamment le technostress qui touche surtout les travailleurs plus âgés et les travailleurs moins formés qui constituent des groupes à risques. ACV-CSC METEA demande d’adapter en conséquence les tâches des organes de concertation.
Les travailleurs veulent plus de formation lors de l’introduction d’une nouvelle technologie
Les résultats de l’enquête révèlent que la formation est une condition importante pour une bonne perception de la nouvelle technologie et pour la sécurité d’emploi des travailleurs. Il est étonnant de constater que bon nombre de travailleurs sont demandeurs de plus de formation, ne se limitant pas à la formation sur le tas, lors de l’introduction des nouvelles technologies. ACV-CSC METEA demande de placer le débat sur la formation dans une nouvelle perspective afin qu’elle soit considérée dans une perspective à long terme, pour soutenir le travailleur tout au long de sa carrière.
Source: CSC