Les résultats de l’enquête proposée par le groupe IDEWE semblent alarmants… et surprenants à certains égards. Celle-ci indique en effet que pas moins de 14,8 % des travailleurs sont victimes de harcèlement moral au travail au moins une fois par semaine dans notre pays. La proportion de travailleurs concerné atteint même les 20% dans l’industrie et les pouvoirs publics! A noter que les hommes (17,7 %) sont davantage harcelés moralement (12,9 %) que les femmes. En outre, les jeunes travailleurs (moins de 45 ans) sont plus souvent pris pour cible que les plus de 45 ans, bien que la différence soit minime (15,2 % contre 14,2 %).
Le harcèlement moral au travail est défini comme une situation dans laquelle un travailleur est la cible d’un comportement négatif sur le plan social. Citons pour exemples le fait d’importuner, d’insulter ou d’exclure une personne, de colporter des rumeurs à son sujet et de retenir des informations, ce qui peut influencer négativement le travail de la personne. Dans le cadre de l’enquête, il a été demandé aux participants s’ils ont été régulièrement victimes d’un tel comportement (une moins une fois par semaine) au cours des six derniers mois.
Lode Godderis, directeur du département Knowledge, Information and Research d’IDEWE, explique : « Le harcèlement moral au travail est souvent un processus qui prend de l’ampleur au fil du temps et dans lequel la personne prise pour cible se trouve impuissante et a le sentiment de ne pas pouvoir se défendre. Cela a de graves conséquences. Des études scientifiques démontrent en effet que les victimes de harcèlement moral au travail ont davantage de problèmes de santé mentale (stress post-traumatique, dépression, angoisse) que les travailleurs qui ne sont pas confrontés à de tels comportements. »
L’industrie et le secteur public bien mal lotis.
Deux fois plus de travailleurs sont harcelés moralement dans le secteur de l’industrie et au sein des pouvoirs publics que dans l’enseignement. En observant les différences entre les secteurs, on remarque que l’enseignement et le secteur des soins de santé enregistrent des résultats assez positifs. En comparaison avec les autres secteurs, une proportion relativement faible des travailleurs interrogés dans ces deux secteurs sont victimes de harcèlement moral au moins une fois par semaine (respectivement 10,8 % et 13,3 %). En revanche, dans le secteur de l’industrie, pas moins d’un travailleur sur cinq (21,3 %) est victime de harcèlement moral au travail au moins une fois par semaine. Les pouvoirs publics enregistrent des résultats similaires : 19,7 % des travailleurs sont harcelés moralement plus d’une fois par semaine.
Le harcèlement moral au travail a trait tant au travail effectué par la personne qu’à la personne elle-même. Dans ce cadre, les éléments liés au travail sont par exemple un conflit de rôles (attentes contradictoires), une ambiguïté dans les rôles (incertitude quant au contenu du travail), une charge de travail élevée ou l’insécurité de l’emploi. Des éléments propres à l’entreprise, comme des changements organisationnels ou un climat compétitif, peuvent également être à l’origine du harcèlement moral. Au niveau individuel, ce sont les caractéristiques personnelles, comme la timidité, l’hypersensibilité et la méfiance, qui exposent davantage les travailleurs au harcèlement moral.
Méthodologie – En 2016, un questionnaire sur le bien-être psychosocial au travail a été envoyé à 41 110 travailleurs, dont 22 150 (soit 54 %) ont complété la liste. Parmi ceux-ci, 17 422 répondants ont donné des informations sur les variables démographiques que sont le sexe, l’âge et le secteur. Seuls ces répondants ont été retenus pour l’analyse. Des questions sur le harcèlement au travail leur ont été posées au moyen d’un instrument de mesure scientifique (Short Negative Acts Questionnaire). Les travailleurs devaient indiquer dans quelle mesure ils avaient été confrontés à des comportements négatifs donnés au travail (par exemple, des propos malveillants à leur sujet) au cours des six derniers mois. Ils devaient répondre par une des possibilités suivantes : jamais, parfois, une fois par mois, une fois par semaine ou tous les jours. Dans cette étude, il est question de harcèlement moral au travail lorsque les travailleurs ont été victimes d’un comportement négatif au moins une fois par semaine ou par jour au cours des six derniers mois.
Source : IDEWE