La fédération des entreprises technologiques tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Agoria constate en effet que la moitié des postes vacants au sein de ses entreprises membres ne trouve pas preneur.
« Techniciens, soudeurs, électriciens, spécialistes TIC, ingénieurs… Ces profils manquent sur notre marché du travail et ce manque est encore plus criant à Bruxelles que dans le reste du pays. » Une enquête menée par Agoria, la fédération de l’industrie technologique, montre qu’après un an, 48 % des postes vacants en Région bruxelloise ne sont actuellement pas pourvus de manière optimale. Tandis qu’en Wallonie et en Flandre, un tiers des fonctions critiques sont toujours à pourvoir après un an. La raison du déséquilibre plus important entre l’offre et la demande à Bruxelles ? « Il s’agit souvent de fonctions hautement technologiques, pour lesquelles on attend également des candidats qu’ils soient bilingues, et l’accessibilité de plus en plus difficile de notre capitale rend parfois Bruxelles moins attrayante », explique Floriane de Kerchove, d’Agoria Bruxelles. « Il est donc nécessaire de mieux préparer les jeunes et les demandeurs d’emploi à ces métiers. Nos entreprises sont en tout cas prêtes à assumer davantage de responsabilité dans le parcours de formation et à investir dans des systèmes d’apprentissage en alternance et de stages. »
Les entreprises technologiques de la Région bruxelloise, qui occupent actuellement 31.000 personnes, souhaitent et doivent recruter. En effet, le taux de renouvellement du personnel, c.-à-d. la somme des départs à la retraite et des besoins en personnel supplémentaire dus à la croissance de l’entreprise, atteint actuellement 13 %. Ce pourcentage est un peu plus élevé que la moyenne nationale. « Il y a donc des postes vacants en permanence. Seulement, il est difficile d’y pourvoir. Cela prend beaucoup de temps, car les candidats sont peu nombreux et tous n’ont pas la formation adéquate. Le problème se pose évidemment pour les profils techniques, comme les techniciens de maintenance, mais encore davantage pour les ingénieurs et les experts numériques. »
Un certain nombre de compétences, liées aux nouvelles évolutions technologiques, mettent trop de temps à être enseignées : « Citons par exemple les spécialistes en sécurité informatique, ou encore les ingénieurs et techniciens pour les logiciels embarqués. D’autres compétences recherchées par les entrepreneurs sont un mode de pensée innovant ou conceptuel, la connaissance de la réalité économique, la capacité à bien évaluer l’impact des décisions et, bien sûr, les connaissances linguistiques. »
Mais que faire, alors ? Pour l’instant, une entreprise sur trois se dit prête à ouvrir ses portes aux stagiaires et à investir dans leur formation. « Les entreprises considèrent encore trop peu les stages comme une porte d’entrée sur le marché du travail. Elles trouvent que le cadre actuel dans ce domaine manque de clarté et d’attractivité. C’est notamment au niveau de la durée réduite des stages et de leur caractère « one shot » que le bât blesse. »
Agoria demande aux autorités de prévoir et de promouvoir plus de possibilités de stage, tant pour les jeunes à l’école que pour les demandeurs d’emploi. Il faut également revoir l’offre de formation à la hausse : « Le gouvernement bruxellois a fait des pas dans la bonne direction avec la création des pôles de formation pour des fonctions industrielles et IT. Il s’agit maintenant d’en assurer une promotion suffisante auprès des demandeurs d’emploi et des établissements scolaires, et d’élargir l’offre le plus rapidement possible. Il faut aussi que l’enseignement se mette plus vite au diapason des nouvelles évolutions technologiques sur le marché du travail. L’organisation d’un Master en alternance pour analystes Business IT, par exemple, constituera une mesure concrète qui aidera aussi bien les entreprises que les jeunes à la recherche d’un emploi. »