Le Conseil central de l’économie (CCE) a publié ce jeudi son Rapport technique sur les marges maximales disponibles pour l’évolution du coût salarial sur la période 2021-2022. Le calcul des marges maximales disponibles pour l’évolution du coût salarial, selon la méthode fixée par la Loi, était cette fois compliqué par l’impact de la crise du coronavirus et de la deuxième vague de contaminations en Europe à partir d’octobre.
Il ressort de ce calcul que l’augmentation des coûts salariaux réels en Belgique, dont doivent convenir les partenaires sociaux, pourra se situer au maximum entre 0 et 0,4% au cours des deux prochaines années. Cette augmentation vient en sus de l’indexation des salaires (estimée à +2,8%) et des augmentations barémiques (allant jusqu’à +0,5% dans certains secteurs) toujours garanties par la Loi.
Le CCE a pu établir un calcul solide et fiable basé sur :
- les prévisions des banques centrales (publiées le 15/12) concernant l’évolution des coûts salariaux dans les trois pays voisins (Allemagne, France et Pays-Bas).
- les prévisions de la Banque nationale de Belgique et du Bureau fédéral du plan concernant l’évolution automatique attendue de l’indexation des salaires en Belgique.
La FEB rappelle « qu’il est aujourd’hui plus que jamais indiqué d’éviter une détérioration brutale de la compétitivité et les pertes d’emplois qui en découlent en cette période particulièrement incertaine où nous sommes confrontés à la plus grave crise économique de l’après-guerre (-7% du PIB). Par ailleurs, l’avenir économique dans de nombreux secteurs est à ce point incertain que même cette marge salariale limitée ne sera certainement pas réalisable dans tous les secteurs. La survie des entreprises et le maintien de l’emploi constituent en effet la priorité dans les circonstances actuelles. »
Le Rapport technique du CCE s’inscrit donc dans un cadre exceptionnel, requérant des mesures exceptionnelles pour prévenir des dommages économiques structurels plus importants encore. Sur la base de ce rapport, les organisations patronales du G10 se disent prêtes à s’asseoir, dans les prochains jours, à la table des négociations avec les organisations de travailleurs et à rechercher de manière constructive des solutions susceptibles de sauvegarder la compétitivité de nos entreprises et de sauver le plus grand nombre d’emplois possible. « Cet objectif, si nous l’atteignons, ainsi que les nombreuses mesures adoptées par le gouvernement pour préserver le pouvoir d’achat des ménages nous permettront de sortir progressivement de la crise économique dans le courant de 2022. »
La réaction syndicale est bien entendu d’une toute autre nature et laisse entrevoir des négociations interprofessionnelles plutôt difficiles.
« Le CCE calcule la marge salariale selon les critères établis par la loi de 1996 sur le salaire. Critères qui ont été durcis en 2017. Les augmentations salariales antérieures et présumées dans les pays voisins (France, Allemagne et Pays-Bas) et l’indexation automatique ne sont plus les seules balises. D’autres corrections réduisent désormais davantage cette marge de négociation.
La CSC, la FGTB et la CGSLB ont toujours dénoncé le durcissement de cette loi dont « le logiciel est truqué » car il enferme les négociations dans un carcan .
Malgré les difficultés liées à la crise sanitaire pour parvenir à une estimation statistique fiable de l’évolution des salaires en Belgique et dans les pays voisins, le CCE a défini une marge qui atteint seulement 0,4% pour 2021 et 2022. »
La CSC, la FGTB et la CGSLB ne peuvent pas souscrire à cette marge. « Une ‘aumône’ de 0,4% pour les deux prochaines années est inacceptable pour les travailleurs. Les conclusions du secrétariat du CCE montrent que le durcissement en 2017 de la loi de 1996 est en complète déconnexion avec la réalité. De nombreux travailleurs n’ont pas arrêté de travailler malgré les circonstances sanitaires difficiles. Une marge salariale ne peut être qu’indicative. Tous les secteurs n’ont pas été touchés de la même manière par la crise. Une norme indicative n’empêchera pas les secteurs d’engager des négociations pour augmenter les salaires de manière responsable, comme ils l’ont toujours fait. L’augmentation du pouvoir d’achat, à travers des revalorisations de salaires brut, bénéficiera directement à l’économie. Par ailleurs, dans l’AIP, une attention particulière doit être donnée à d’autres thèmes : une augmentation substantielle du salaire minimum et des bas salaires, la gestion des carrières et des fins de carrières, la qualité de l’emploi, une mobilité durable et l’encadrement social des restructurations. »
Source: FEB – CSC – FGTB – CGSLB