Le travailleur belge se sent, en moyenne, physiquement 6,1 ans plus vieux que son âge réel. La pénible conséquence d’un mode de vie peu sain où la cigarette, le manque d’exercice physique, le manque de sommeil et un excès permanent de stress jouent un rôle prépondérant. Cette année, l’enquête nationale de santé relève une conclusion étonnante : les CEO’s, managers, entrepreneurs et indépendants obtiennent un meilleur score sur le plan de la santé. Pourtant, selon leurs collaborateurs, ils ne parviennent pas à traduire cela en une politique de santé efficace sur le lieu de travail.
L’assureur-vie NN (ancien Delta Lloyd Life) révèle aujourd’hui les résultats de la grande étude « En quête nationale de santé 2018 ». Cette troisième édition se focalise sur le lien existant entre un mode de vie sain, le succès professionnel et le bonheur. Que ressort-il de cette édition de l’enquête?
Plus de la moitié des collaborateurs (57%) ne sont pas satisfaits des possibilités offertes par l’employeur pour favoriser un mode de vie sain au travail. Seul un petit cinquième des travailleurs belges (21%) estiment que leur CEO attache réellement de l’importance à la santé dans l’entreprise.
D’après cette enquête, les employeurs peuvent faire une grande différence, grâce à de petites initiatives répétées de manière régulière. Les collaborateurs qui travaillent pour des organisations qui fournissent des efforts constants tout au long de l’année, en vue de favoriser la santé, sont plus en forme que ceux qui travaillent pour des entreprises ne prenant pas d’initiatives en ce sens. Vu le nombre croissant de burn-out et de maladies de longue durée, une politique de santé au travail en Belgique est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, tant pour la santé de nos travailleurs que pour notre économie.
Nous sommes en moyenne 6,1 ans plus vieux que ce que nous pensons !
C’est la différence qui a été mesurée en moyenne entre l’âge biologique du travailleur belge et son âge réel. L’âge biologique s’obtient en additionnant l’âge-calendrier (déterminé sur base de la date de naissance) et le score du mode de vie. Ce score du mode de vie est calculé en additionnant toute une série de variables, comme le fait d’avoir un mode de vie actif, une alimentation saine, le bien-être mental et des données sociodémographiques. Moins notre mode de vie est sain, plus le score sera élevé.
La cigarette reste l’un des gros points névralgiques. Un tiers des Belges actifs (23%) fument. Un chiffre qui grimpe encore (29%) chez les travailleurs belges sans diplôme de l’enseignement supérieur. Le surpoids a également un impact important sur notre santé. Près de la moitié des Belges actifs (48%) sont concernés. Ce sont surtout des hommes de plus de 35 ans qui souffrent de surpoids (62%). Cette situation de mauvaise santé s’explique en partie par un mode de vie inactif chez bon nombre de répondants (31%). Un quart des Belges (23%) indiquent également ne pas consommer de fruits ou de légumes frais au quotidien.
Annelore Van Herreweghe, porte-parole de NN : « L’étude ‘En quête nationale de santé’ montre, cette année encore, que les Belges sous-estiment largement les conséquences d’un mode de vie peu sain. Une majorité claire des Belges actifs (60%) sont nettement plus âgés que leur âge réel (voir graphique). Ce sont les hommes de plus de 35 ans qui obtiennent le plus mauvais score et sont en moyenne 9 ans plus vieux que leur âge réel. Dans un contexte où nous passons chaque jour la moitié de notre temps au travail, l’employeur peut donner un bon coup de pouce. »
Les travailleurs en mauvaise santé sont un ‘pavé dans la mare’ de notre bonheur national
Il est déjà ressorti d’une étude antérieure menée par NN et l’université de Gand (UGent) (l’Enquête nationale du Bonheur) que plus d’un quart des Belges ne sont pas heureux et que la santé joue un rôle important dans ce constat. Cette étude a également montré que les Belges en bonne santé avaient 18% de chances en moins d’être malheureux que les Belges qui vivent moins sainement.
L’étude « En quête nationale de santé » confirme cette conclusion. Celui qui vit sainement et dont l’âge biologique est proche de l’âge réel se sent plus heureux. La majorité (68%) des Belges actifs en bonne santé se sentent très heureux et accordent un score d’au moins huit sur dix à leur propre bonheur. Tandis que, parmi les Belges actifs en moins bonne santé et physiquement plus âgés que leur âge réel, seule une minorité (34%) se dit être très heureuse.
Le professeur Annemans, professeur d’économie de la santé à l’UGent, explique : « Le Belge tient, en grande partie, sa santé et son bonheur entre les mains. Il faut toutefois faire de ces sujets des priorités dans les domaines liés à la politique de santé, au travail, à l’enseignement, aux communautés locales, … Et c’est actuellement là que le bât blesse… Des études sur le lieu de travail indiquent que l’absentéisme diminue jusqu’à deux tiers lorsque l’entreprise mise sur une meilleure santé physique, mentale et sociale de ses travailleurs. Tout le monde y trouve son intérêt, tant les travailleurs que les entreprises et l’ensemble de la société. »
6 Belges actifs sur 10 manquent de sommeil
Le stress et le manque de sommeil sont des facteurs importants qui contribuent à un mode de vie peu sain et font, par conséquent, grimper notre âge biologique. 28% des travailleurs subissent trop de stress de manière régulière. Six Belges actifs sur 10 (61%) indiquent dormir trop peu pendant la semaine, avec pour conséquence que la majorité (55%) des travailleurs belges arrivent fatigués au travail.
Les Belges qui viennent au travail reposés voient tout de suite la différence. La grande majorité de ces travailleurs bien reposés (83%) sont optimistes dans la vie et la majorité de ces Belges (54%) se sentent très heureux, avec un score d’au moins huit sur dix. En revanche, leurs collègues qui souffrent d’un manque de sommeil sont moins optimistes (68%) et seule une minorité (35%) se dit très heureuse.
Manager sana in corpore sano
Les dirigeants d’entreprise voient la santé comme un élément important qui conduit au succès. 71% des managers indiquent réaliser de meilleures performances durant les périodes où ils se sentent réellement en forme, tandis que seulement 59% de leurs collaborateurs en sont persuadés. Les managers, entrepreneurs et indépendants indiquent manger plus de fruits et de légumes et faire davantage d’exercice physique que le travailleur moyen. Les managers et les entrepreneurs considèrent, plus souvent que leurs collaborateurs, le stress comme étant quelque chose de positif. Tous ces aspects font que les managers et les entrepreneurs obtiennent un meilleur score que le collaborateur moyen en ce qui concerne leur mode de vie.
Annelore Van Herreweghe, porte-parole de NN : « Une conclusion marquante de l’étude ‘En quête nationale de santé’ est que les managers, entrepreneurs et indépendants font mieux que leurs collaborateurs en matière de santé. Avant tout, ils sont davantage convaincus qu’un esprit sain dans un corps sain les aide à progresser professionnellement. Un principe qu’ils mettent en pratique en menant personnellement une vie plus saine. »
Les managers et les entrepreneurs sont en moyenne 4,3 ans plus vieux que ce qu’ils pensent et font un peu mieux que leurs collaborateurs qui sont en moyenne 6,4 ans plus âgés que leur âge réel. Nous constatons également une nette différence sociodémographique en matière d’âge et de sexe. Les femmes managers de plus de 35 ans sont, par exemple, 2,6 ans plus âgées que leur âge réel. Une grande différence par rapport à leurs collaborateurs masculins du même âge qui sont, en moyenne, 9,6 ans plus vieux que leur âge réel (voir graphique).
Les managers et les entrepreneurs sont en moyenne plus heureux que leurs collaborateurs. Plus de la moitié des managers et entrepreneurs (58%) octroient un score de huit sur dix à leur niveau de bonheur. Chez les collaborateurs, ils sont une minorité de 41% à penser de même.
CEO en forme, collaborateurs en forme ?
Les chefs d’entreprise ont beau être convaincus du rôle important que joue la santé dans leur succès et leur bonheur personnels, ils ne traduisent pas toujours cet état d’esprit sur le lieu de travail. En effet, à peine un cinquième des collaborateurs (21%) estiment que leur CEO accorde une place importante à la santé sur le lieu de travail. La majorité des collaborateurs (57%) ne sont donc pas satisfaits des possibilités que l’employeur propose pour maintenir ou améliorer leur mode de vie. Ce qui fait en sorte qu’à peine 11% des Belges travaillent dans une entreprise ou une organisation au sein de laquelle de nombreuses initiatives sont continuellement prises pour entretenir la forme des employés.
Même si les managers et les entrepreneurs affirment qu’ils font des efforts pour améliorer le mode de vie de leurs collaborateurs, ils ne sont pas satisfaits des résultats des initiatives qu’ils mettent en place en vue d’améliorer la santé sur le lieu de travail. Près de la moitié des managers (44%) sont très insatisfaits des résultats de leurs efforts pour aider les collaborateurs à maintenir une bonne santé. (annexe 13)
Les collaborateurs peu qualifiés sont les plus vulnérables
Les travailleurs ayant au maximum un diplôme de l’enseignement secondaire obtiennent un plus mauvais score que leurs collègues plus qualifiés. Cette tendance est plus marquée chez les hommes peu qualifiés de plus de 35 ans. Ceux-ci sont 10,9 ans plus vieux que leur âge réel. Les 20-34 ans détenant un diplôme de Master sont les plus en forme et ont un âge biologique en total équilibre avec leur âge réel.
Eric Van Landeghem, CEO de Volvo Gand : « Dans une entreprise de 6000 collaborateurs, dont la grande majorité sont des ouvriers qui travaillent en équipes, une politique approfondie en matière de santé est indispensable. Nous savons que l’IMC (l’indice de masse corporelle) et que le nombre de fumeurs dans notre entreprise sont supérieurs à la moyenne de la société. C’est pour cette raison que nous voulons donner toutes les chances à nos employés de veiller activement à leur santé. Nous misons, non seulement, sur l’exercice physique, mais également sur l’alimentation, l’hygiène du sommeil, la relaxation et le bien-être mental. »
Une politique de santé, ça porte ses fruits !
Investir dans la santé sur le lieu de travail est une stratégie payante et ce, à tous points de vue. L’absentéisme chute de manière spectaculaire, la productivité et la créativité des travailleurs augmentent et, sur le plan économique, il est avantageux pour les employeurs d’investir dans la santé.
Lieven Annemans, professeur en économie de la santé à l’UGent : « Investir dans une politique de santé préventive porte ses fruits. C’est aussi un investissement rentable. Des études indiquent que chaque euro investi dans la santé rapporte plus du double (en moyenne 2,38 euros). »
Dans les entreprises qui misent sur la santé, la majorité des travailleurs sont satisfaits des efforts consentis (54%), tandis qu’une petite minorité n’est pas satisfaite (12%). Dans les autres entreprises, l’insatisfaction face aux investissements dans la santé est bien supérieure (62%). Cela se répercute sur la santé des travailleurs. Les Belges qui travaillent dans des organisations ayant une politique efficace en matière de santé sont plus en forme. Ils sont en moyenne 3,4 ans plus âgés que leur âge réel et ont donc un meilleur score que les travailleurs d’autres organisations qui sont en moyenne 6,5 ans plus vieux que leur âge réel. Cette différence est indépendante de l’âge et du sexe.