Les dirigeants d’entreprises sont nettement plus satisfaits que leurs salariés de leur adaptation aux nouvelles normes de travail selon l’édition 2021 du Global Workplace Report de NTT Ltd., fournisseur mondial de technologies et de solutions d’entreprise. 84 % des entreprises pensent que les salariés préfèrent le télétravail, alors que seuls 30 % des salariés souhaiteraient télétravailler à plein temps. Le désaccord quant au futur du travail devrait en inquiéter plus d’un.
Dans cette nouvelle édition, l’étude apporte une perspective sur le futur du travail alors que les entreprises se préparent à retrouver une réalité post-pandémique. Elle souligne aussi la nécessité d’éclaircir les attentes de leur personnel vis-à-vis de son environnement de travail.
Dégradation du bien-être au travail et un écart qui se creuse avec la direction
La quasi-unanimité des participants à l’enquête de NTT, soit 1146 entretiens dans 23 pays, dont 315 en Europe, met en lumière l’existence de difficultés engendrées par le télétravail. Pour 74 % des participants européens à l’enquête, le problème principal a été la performance de l’entreprise (76 % pour les salariés et 60 % des DRH).
Cependant, si tous reconnaissent que le bien-être des salariés s’est dégradé au cours de la pandémie, un fossé s’est creusé entre dirigeants et salariés sur cet aspect. Pour les dirigeants, leur entreprise est très efficace dans la gestion des horaires de travail (+20 points par rapport à leurs salariés), à +28 points dans la prévention efficace du burn-out et +41 points à être très satisfaits de leur expérience employé.
Cet écart reflète une sérieuse défiance des salariés vis-à-vis de leur employeur. Seuls 38 % considèrent que leur employeur attache pleinement de la valeur à leur santé et à leur bien-être et à peine 23 % qu’ils se sentent heureux de travailler pour leur entreprise.
Une grande réévaluation de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle
Conséquence de cette différence de niveau de satisfaction, l’étude observe des préférences en contradiction en matière des futures conditions de travail.
Selon les données VoE (voix des employés), lorsqu’ils se voient proposer le choix entre travailler chez eux, au bureau ou dans une formule hybride, les salariés se répartissent à peu près uniformément entre les trois, respectivement à hauteur de 30 %, 30 % et 39 %.
Ce résultat contredit la croyance, partagée par 73 % des entreprises, selon laquelle les salariés préfèreraient le télétravail. En contraste avec les données VoE, l’étude révèle également que les entreprises ont une perception erronée de la corrélation des attentes des salariés avec leur âge. Ainsi 46 % des 18-29 ans ont une nette préférence pour le travail au bureau contre 30 % des plus de 50 ans.
« Actuellement, tout le monde parle de télétravail, mais la réalité des attentes des salariés est bien plus complexe, et toute analyse ou réponse incorrecte face à cette situation fait courir un sérieux risque aux entreprises », commente Alex Bennett, Global Senior Vice President GTM Solutions chez NTT Ltd. « Il ne s’agit pas de préférences à la marge : notre étude révèle que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle et les temps de trajet sont devenus les deux principaux critères pour le choix du lieu de travail. C’est pourquoi une stratégie performante en termes de gestion des ressources humaines et d’environnement de travail constituera un réel avantage concurrentiel. »
La nécessité de montrer l’exemple
L’absence de données et d’analyses complètes ne permet pas aux entreprises d’avoir une vision claire des perspectives de leurs salariés. 44 % des entreprises placent la VoE en tête des priorités, suivie de près par l’analyse de l’environnement de travail pour 43 % d’entre elles. Pourtant, seules 37 % des entreprises disposent d’un programme VoE structuré et 31 % analysent en temps réel le sentiment de leurs salariés, tandis que 49 % réalisent des enquêtes auprès de ceux-ci.
L’étude montre également que l’exploitation de ce type de données pour améliorer l’expérience employé au sein de l’entreprise doit aller bien au-delà des progrès dans la qualité de vie au quotidien. Pour 40 % des salariés, la vocation et les valeurs d’une entreprise viennent désormais au troisième rang des critères les plus importants pour choisir celle où ils souhaitent travailler. Dans ce domaine, salariés et employeurs sont en phase, puisque 85 % pensent que les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont au cœur des priorités de l’entreprise.
« Cela doit selon moi nous inciter à réfléchir non plus en termes d’actions, mais de résultats », conclut Alex Bennett. « L’important n’est pas ce que nous faisons pour améliorer l’environnement de travail, mais les effets positifs réels pour les salariés ; impossible à connaitre en l’absence d’une approche aboutie pour mesurer les sentiments des salariés. Étonnamment, deux tiers des salariés disent ne pas être encore équipés de tous les outils dont ils ont besoin pour télétravailler et seules 45 % des entreprises s’estiment très satisfaites de la préparation de leurs espaces de bureau au travail hybride. Néanmoins, 80 % d’entre elles ont engagé un réaménagement de leurs bureaux dans les 12 prochains mois afin de susciter un environnement propice à l’innovation et au lien social. Il existe clairement une prise de conscience, à un certain niveau, que des stratégies RH immatures entraîneront un mécontentement des salariés et que les conditions de travail doivent être déterminées par les véritables attentes de ces derniers. »
Source & méthodologie : 1146 entretiens dans 23 pays, dont 315 en Europe ont été conduits par NTT entre le 17 juin et le 12 juillet 2021.