La phase d’émerveillement est passée. Après que le plus grand nombre se soit réjoui du passage au télétravail à grande échelle, certains semblent découvrir une réalité moins rose… Le travail à domicile est bel et bien devenu un outil de management nécessaire aujourd’hui pour mieux équilibrer vies privée et professionnelle. De là à y passer sur une base à temps plein, contraint et forcé comme c’est le cas actuellement… Les témoignages abondent désormais et la Ligue des familles les répercutent afin de faire écho aux situations difficiles auxquelles sont confrontés les travailleurs.
« Certaines familles se retrouvent en grande difficulté », explique Caroline Tirmarche, responsable du service d’études de la Ligue des familles interrogée par la RTBF. « Nous recevons tous les jours des milliers de retours de parents qui nous disent que le télétravail est incompatible avec la charge d’enfants. Ces parents ne savent plus quoi faire. Cela vaut pour toutes les familles, mais cela se fait ressentir avec encore un peu plus d’acuité dans les familles fragilisées : papa ou maman solo, par exemple, ou encore les gardes alternées pour les parents séparés. »
Et quid si la situation dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois? Le risque de burn-out « en série » est bien réel alerte la Ligue des familles qui se demande s’il est « vraiment nécessaire de faire ressentir à tous ces parents, cette culpabilité de ne jamais rien faire correctement, ce tiraillement entre conscience professionnelle et souci de ne pas laisser sa progéniture toute la journée devant la télé. »
La Ligue des familles demande donc des indemnités afin de faire face à la situation. « Nous avons envoyé un courrier au Conseil National de Sécurité (CNS) pour demander de prendre notre requête en compte. Sans devoir poser des congés – parentaux, sans solde ou légaux qui pénaliseraient les parents – l’association propose la mise en place d’un système d’indemnisation inspiré de ce que la France a établi en urgence : tout salarié obligé de s’arrêter à cause du coronavirus pour garder son enfant pourra bénéficier, sous conditions, d’un arrêt de travail couvert par l’assurance maladie. Sans perdre de rentrées financières, ce serait une bouffée d’oxygène pour les familles puisque, dans le système français, les salaires sont maintenus à 100%, 90% pris en charge par l »assurance maladie, le reste par l’employeur ».
La Ligue des familles est bien consciente d’une réalité de terrain forcément plurielle et de la difficulté de déployer une approche 100% équitable : « C’est certain que ce système d’indemnisations ne solutionnera pas tous les cas. Pensez aux infirmières et infirmiers qui travaillent de nuit, qui doivent s’occuper de leurs enfants en journée, et plus généralement des travailleurs dans des secteurs qui ne peuvent pas s’arrêter… Raison de plus pour demander une vraie politique d’accompagnement des familles en ces temps troublés », conclut Caroline Tirmarche.
Source: RTBF