Plus de six Belges sur dix (62 %) actifs pendant le confinement travaillent à domicile. Quatre employés belges sur dix (41 %) ne l’avaient jamais fait avant la crise du COVID-19. C’est ce qui ressort des premiers résultats d’une enquête menée par la CASS Business School de Londres, l’IESE Business School de Barcelone et le prestataire de services RH SD Worx. En ce qui concerne la proportion de travailleurs à domicile, la Belgique obtient un score supérieur à la moyenne, qui est de 57 % pour les six pays européens où l’enquête a été menée : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. L’enquête a ciblé les employés salariés.
Avec 62 % de la population active qui travaille à domicile, la Belgique, à l’instar du Royaume-Uni (65 %), de l’Espagne (60 %) et de la France (59 %), se situe au-dessus de la moyenne de 57 %. Les Pays-Bas (55 %) et surtout l’Allemagne (40 %) ont moins de télétravailleurs : en Allemagne, environ 60 % des travailleurs ont continué à se rendre comme d’habitude dans les bureaux de leur employeur. Ces différences s’expliquent en partie par des cultures de travail distinctes, la répartition sectorielle du travail (par exemple, plus ou moins d’emplois dans le secteur industriel ou des services), l’impact de la crise d’un pays à l’autre et bien entendu, les mesures de précaution diverses prises par les gouvernements locaux.
Le coronavirus et le confinement ont créé des conditions de travail exceptionnelles et de nombreuses entreprises sont donc obligées de s’y prendre autrement. Pour plus de quatre employés belges actifs sur dix, le télétravail est totalement nouveau. 20 % des travailleurs du savoir encore actifs travaillaient occasionnellement de chez eux avant la crise et le font maintenant à temps plein. Pour 1 % d’entre eux, le travail à domicile faisait déjà partie de leur quotidien avant le confinement. Le confinement a donc poussé de nombreuses entreprises et leurs travailleurs à passer au télétravail. Deux travailleurs à domicile sur trois ont dû faire la transition vers le télétravail, qu’ils n’avaient jamais pratiqué auparavant.
« La crise du COVID-19 a entraîné une révolution sur le plan du télétravail et dans de nombreuses entreprises, cette transition s’est déroulée plus facilement que prévu. C’est même le cas dans des industries et des carrières plus traditionnelles », commente Annelore Huyghe, professeur à la CASS Business School. « Il est donc probable que le télétravail devienne plus courant et que la flexibilité et la virtualisation accrues deviennent la norme. Nous verrons non seulement davantage de personnes travailler de chez elles, mais nous verrons peut-être aussi la disparition de certains bureaux, une augmentation de la fréquence des réunions en ligne et sans doute aussi une diminution de la fréquence des voyages d’affaires. »
Deux Belges sur trois travaillent autant à domicile qu’au bureau.
Si nous examinons de plus près l’impact du télétravail sur le temps de travail, il semble que pour la grande majorité, rien n’a changé. 67 % des employés belges consacrent autant de temps à leur travail qu’auparavant. Près de 11 % indiquent même travailler plus que d’habitude, avec une augmentation moyenne de près d’une heure et demie (1 heure et 24 minutes) par jour. Une personne interrogée sur cinq (22 %) travaille moins qu’avant le confinement, ce qui représente en moyenne deux heures et demie (2 heures et 36 minutes) en moins par jour. Les extrêmes se retrouvent aux Pays-Bas, où un quart (24 %) des employés travailleraient en moyenne trois heures et dix-huit minutes en moins par jour, et en Espagne, où 14 % des employés indiquent travailler près de deux heures (1 heure et 54 minutes) en plus par jour.
Il n’y a pas d’explication univoque à ces fluctuations. Le fait qu’il y ait actuellement moins de travail peut jouer un rôle : même les personnes qui travaillent encore dans leur entreprise ou au bureau consacrent en moyenne 18 minutes en moins par jour au travail. La familiarisation avec les nouvelles circonstances liées au télétravail peut aussi être un facteur d’influence. De fait, le temps de travail par jour diminue le plus (42 minutes) pour les employés qui n’avaient jamais travaillé à distance auparavant. Pour ceux qui l’avaient déjà fait de temps en temps, cette réduction s’élève à 30 minutes par jour. « Il est important de garder à l’esprit que les situations de télétravail les plus répandues actuellement sont “différentes” , observe le professeur Jeroen Neckebrouck de l’IESE Business School. « Il ne s’agit pas d’un choix volontaire de travailler à domicile un ou plusieurs jours par semaine, mais d’une situation subitement imposée et prolongée. »
Katleen Jacobs, Managing Consultant Legal chez SD Worx, commente : « Le coronavirus a contraint les entreprises à réagir rapidement. Le travail à domicile est devenu la norme et en premier lieu, l’aspect logistique a surtout retenu l’attention. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que le travail à domicile régulier implique un certain nombre de règles. D’une part sur le plan juridique : faut-il coucher des accords sur papier, les travailleurs peuvent-ils choisir eux-mêmes leurs horaires, une indemnité doit-elle être payée ? D’autre part, il faut aussi veiller à la santé mentale des travailleurs : en tant qu’employeur, donnez des conseils aux dirigeants, surveillez l’engagement… Avec des accords clairs et une bonne communication, le télétravail pourra avoir lieu sans problème et dans un climat de confiance mutuelle. »