L’Executive Remuneration Research Centre de Vlerick Business School analyse chaque année les rémunérations des top managers d’un panel de 700 entreprises cotées en bourse. Conclusion: au cours de la période 2007-2014, la rémunération globale des CEO de ces entreprises a augmenté de 23% en Belgique, sauf pour les sociétés qui composent le Bel20. En cause, la diminution des bonus.
Les principales conclusions de l’enquête annuelle portant sur les gros salaires, réalisée par le professeur Xavier Baeten de l’Executive Remuneration Research Centre de Vlerick Business School sont disponibles. L’échantillon 2014 se compose de 669 entreprises cotées en bourse de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Allemagne et du Royaume-Uni. Cette étude accorde une attention toute particulière à l’évolution sur les huit dernières années, aux engagements de pension, aux facteurs qui déterminent la rémunération variable entre autres. Que nous enseigne-t-elle?
« Au cours des 8 dernières années (2007-2014), la rémunération globale des CEO de toutes les entreprises cotées en bourse a augmenté en moyenne de 23% en Belgique, notre pays étant précédé en la matière par l’Allemagne (32%). En France et aux Pays-Bas, l’augmentation n’est par contre que de 11%. Il existe néanmoins de grandes disparités en fonction de l’indice boursier concerné (Bel 20, Bel Mid, Bel Small). »
Ce qui explique l’évolution des niveaux de rémunération du CEO.
L’étude permet d’établir une première comparaison à l’échelon européen: « Indépendamment de la taille de l’entreprise, ce sont les CEO du Royaume-Uni qui gagnent le plus (4.050.000 euros), suivis par l’Allemagne (2.045.000 euros) et les Pays-Bas (1.065.000 euros). La Belgique et la France ferment la marche avec respectivement 670.000 et 495.000 euros. Il s’agit en l’occurrence de la médiane de la rémunération totale, incluant la rémunération fixe, la rémunération variable et celle dépendant du cours de l’action. Le CEO d’une grande entreprise cotée en bourse gagne près de 10 fois plus que celui d’une petite entreprise cotée en bourse. »
Surprenant peut-être, ce sont les petites entreprises pourtant qui génèrent l’augmentation moyenne des rémunération: « Au cours des huit dernières années, la rémunération totale a diminué dans 75% des entreprises du Bel 20, une tendance clairement supérieure à celle constatée dans les grandes entreprises cotées en bourse en France (46%), en Allemagne (33%) et aux Pays-Bas (33%). La régression constatée en Belgique est surtout due à la diminution du bonus. Dans les petites entreprises cotées (Bel Small), la rémunération a par contre augmenté pratiquement partout (89% des entreprises). Alors que la diminution des entreprises du Bel 20 était en moyenne de 16%, on a constaté dans le Bel Small une augmentation de 45%. À titre de comparaison : entre 2007 et 2013, les salaires moyens ont augmenté de 17% en Belgique. »
La rémunération variable liée au cours de l’action est en régression.
Si nous nous arrêtons sur la composition du pack de rémunération, on pourrait décrire la Belgique comme étant le pays affichant la plus forte aversion au risque, puisque la rémunération fixe y représente systématiquement une plus grande partie de la rémunération totale que dans les autres pays. Dans le Bel 20, 52% du pack est fixe (48% variable) ; dans le Bel Mid, ce pourcentage est de 58% et dans le Bel Small de 77%. Dans tous les pays, la partie de la rémunération variable a diminué.
Xavier Baeten : « Il s’agit d’une tendance que l’on prévoyait déjà voici plusieurs années : la législation a imposé de très nombreuses obligations concernant la composition de la rémunération variable. On a par conséquent constaté un glissement vers la rémunération fixe. »
Il reste du chemin à parcourir en matière de cohérence entre la réalité et les déclarations d’intention. Les critères autres que financiers (environnement, people,…) ne sont quasiment pas pris en compte. « Même si l’on constate de plus en plus souvent qu’il est nécessaire d’établir un mix entre des indicateurs de performance financiers et non financiers pour déterminer le bonus, on notera néanmoins que 96% des entreprises font appel à des critères comptables (bénéfice) alors que seulement 21% d’entre elles attachent également de l’importance à leurs employés (degré de satisfaction) et à peine 10% à des critères liés au client. »
On constate par ailleurs que la rémunération liée au cours de l’action affiche un net recul. Alors que près de la moitié des entreprises cotées en bourse (45%) prévoyaient cette forme de rémunération en 2007, ce pourcentage est désormais retombé à 23%. C’est en France que la chute est la plus spectaculaire. La Belgique s’avère en ce sens atypique puisque les options sur actions constituent manifestement la forme la plus populaire de rémunération liée aux actions, ce qui n’est pas le cas dans les autres pays.