Ces dernières années, les entreprises belges ont largement investi dans l’automatisation et la digitalisation de leurs processus de production. Selon les chiffres de l’International Federation of Robotics (IFR), plus de 10.300 robots ont d’ores et déjà été installés en Belgique, ce qui a permis à notre pays d’occuper une belle 15e place en 2022, avec une densité de robots de 198 pour 10.000 employés, en comparaison à une moyenne mondiale de 141.
« Cette situation est due dans une large mesure à la présence de l’industrie automobile et de ses fournisseurs et sous-traitants en Belgique », explique Ben Van Roose, Manager Manufacturing chez Agoria. « En réalité, le potentiel d’application de la robotisation est considérable dans l’industrie manufacturière, notamment dans les PME mais aussi dans d’autres secteurs économiques importants, tels que l’industrie alimentaire et chimique, pour des applications dont il était récemment encore impensable qu’elles puissent être réalisées par un robot. »
4 PME sur 10 n’ont pas recours à la robotisation ou ne disposent même pas des connaissances de base en la matière
C’est l’une des principales conclusions de l’enquête «Robotisation in Belgium» qu’Agoria et PwC Belgique ont menée auprès de quelque 120 entreprises de production et un certain nombre de fournisseurs et d’universités. Il en ressort que 7 entreprises de production sur 10 ont d’ores et déjà recours à la robotisation ou à des applications apparentées dans le cadre de leurs processus de production ou entreprennent des expérimentations dans ce domaine. Cependant, l’enquête pointe une grande disparité dans l’adoption de ces technologies entre les grandes entreprises et les PME puisque près de 40% de ces dernières ne recourent pas à la robotisation dans leur environnement de processus de fabrication ou n’ont pas d’expérience de base en la matière.
Une formation insuffisante et un manque de connaissances internes sont cités par les entreprises interrogées comme étant les principaux obstacles à l’introduction de la robotisation.
« La requalification et le perfectionnement des compétences sont essentielles pour améliorer l’évaluation du potentiel de robotisation au sein de l’entreprise, ce qui permettra de se rapprocher de sa mise en œuvre. Un autre obstacle entrave aussi l’introduction de la robotisation, à savoir la pénurie de profils STEM. Les initiatives qui ont été prises au niveau régional ces dernières années abondent dans le bon sens, mais nous devons absolument franchir un pas de plus et envisager la mise en oeuvre d’une stratégie ambitieuse au niveau national en concertation avec les différents acteurs », précise Ben Van Roose.
L’enquête révèle également qu’il existe toujours une certaine méfiance à l’égard de la robotisation mais que celle-ci tend à s’amenuiser. 45% des entreprises interrogées déclarent que leurs collaborateurs adoptent une attitude positive vis-à-vis de la robotisation, tandis que 75% du personnel qualifient les conséquences de la robotisation sur l’emploi comme étant soit inexistantes, soit positives.
Un parcours complexe, mais crucial
6 PME sur dix ont d’ores et déjà entamé l’adoption de la robotisation, mais un mouvement de rattrapage important s’impose encore pour assurer leur croissance et élargir leur efficacité dans ce domaine en vue de pouvoir réellement participer au marché international. Selon l’enquête d’Agoria et PwC, l’usage des robots est une composante importante de cette automatisation et joue dès lors un rôle crucial, surtout dans la capacité d’innovation et de croissance des entreprises, tout en améliorant les conditions de travail de leurs collaborateurs.
Le caractère multidisciplinaire et complexe de l’automatisation et de la robotisation impose cependant un défi de taille aux entreprises. C’est pourquoi Agoria et PwC recommandent de suivre un plan en sept étapes et soulignent la nécessité absolue d’impliquer tous les acteurs.
« L’élément primordial consiste à franchir les différentes étapes voulues dans l’ordre adéquat et à obtenir un accompagnement. Heureusement, nous pouvons compter en Belgique sur un vaste écosystème professionnel de fournisseurs de robots, de fournisseurs d’appareillages périphériques et d’intégrateurs d’applications de robotique, qui peuvent assister les entreprises dans l’intégration et l’implémentation de systèmes de robotisation », ajoute Jochen Vincken,Partner Sustainable Manufacturing bij PwC.
Des aides gouvernementales adaptées à la réalité des entreprises
La robotisation est une première étape sur la voie menant aux modèles d’exploitation de demain. Ces dernières années, les régions ont développé de nombreuses initiatives visant à inspirer les entreprises et à favoriser l’application des technologies d’automatisation dans le cadre des processus de production. Les résultats de l’enquête soulignent l’importance de cette dernière démarche, mais la nécessité aussi de maintenir les investissements dans la poursuite de l’automatisation.
Les pouvoirs publics ont conscience de l’importance des investissements à consentir par les entreprises et ont créé diverses initiatives visant à les soutenir dans cette démarche. La prochaine étape consiste à amplifier l’accessibilité de ces initiatives et à faire en sorte qu’elles collent encore davantage à la réalité quotidienne des entreprises.
« Compte tenu du défi gigantesque que représente le maintien de la compétitivité de notre industrie belge, il est d’une importance essentielle de développer une vision à long terme et de ne pas se contenter de créer des emplois à court terme, mais de tenir également compte des perspectives d’avenir que la robotisation offre à nos entreprises. Sans cela, il nous sera impossible de favoriser le développement d’une industrie belge durable », conclut Jochen Vincken.
Source : Agoria – PwC – « Robotisation in Belgium: The next steps in unlocking its full potential »